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Faire ou ne pas faire la chenille

A voir, Avignon, Les critiques, Théâtre

Kermesse – Collectif La Cabale – © Dennis Marder

Lauréat des Prix du Jury et du public du festival de mise en scène du Théâtre 13 en 2023, Kermesse est à lui tout seul un jackpot retentissant qui cultive l’humour et la légèreté à tout prix et par ce biais, réapprend à faire communauté.

Le titre annonce la couleur, joviale. L’ambiance est à la fête de village, aux confettis et aux pétards, aux flonflons du bal, aux déguisements XXL et décors de carton-pâte. L’ambiance est à la détente, à la musique entraînante et à la danse des canards, au divertissement grossier et à l’humour gras. Bienvenu dans Kermesse, deuxième création du jeune collectif La Cabale qui fait vœu ici d’embrasser la comédie façon Monty Pithon en ne s’interdisant rien, surtout pas d’en faire trop, de se vautrer dans l’absurde, de cultiver l’idiotie et de télescoper les références, de la Bande à Basile à Nicole Croisille en passant par Philippe Katerine, François Morel, Pina Bausch et Jean Anouilh ou encore Les Choristes. Le rire y est un exutoire, une manière d’être ensemble, d’éradiquer nos snobismes mal placés, de faire fi du sérieux autant que du désespoir.

On pense inévitablement aux Chiens de Navarre en les voyant aussi nombreux au plateau, haranguer le public en dézinguant le quatrième mur, jouer des coudes et de la provocation pour mieux repousser les codes du théâtre classique, faire de la scène un joyeux bordel et de la représentation un enchaînement de situations en apparence déconnectées les unes des autres. Comme on passerait sans cesse du coq à l’âne pour mieux se prouver notre liberté et laisser l’imaginaire maître à bord d’un naufrage organisé. S’il y a quelques ventres mous dans le spectacle, l’ensemble est tout de même rondement mené, impeccablement rodé, laissant la place à l’improvisation, et sacrément rythmé. Les interventions fusent et l’on ne sait jamais sur quel pied danser. Tout amateur de son petit confort de spectateur.ice peut être décontenancé.e mais dans la salle ce soir-là, le public était au taquet, ravi d’être attisé, sollicité, réceptif à l’élan communicatif de ces interprètes fracassants d’énergie à revendre et de talent. Résultat, à la fin du spectacle, hormis une poignée de timides ou réfractaires à l’idée, le public tout entier s’est mué en une chenille hilare, chaîne d’humanité improvisée, épiphanie sublime et grotesque à la fois. Mains sur les épaules, sourires radieux éclairant les visages, suivant la cadence d’une fanfare en direct, le public du Théâtre 13 a répondu présent à l’appel, au défi, à l’utopie rêvée par ce collectif attachant et plein de promesses.

Car au fond, c’est de chenille dont il est question tout du long, en long en large et en travers. Pas l’animal, quoique, si aussi. Mais ce dont il s’agit ici c’est de la danse collective la plus pratiquée dans les mariages, cette fameuse danse « des ploucs » de notre enfance qui génère bien des jugements et réticences. A travers ses interprètes, cocréateurs de ce projet osé, Kermesse interroge sous divers angles ce que charrie l’évocation de cette danse appartenant aux soubassements de notre folklore, de nos traditions les plus populaires, de notre imaginaire collectif. Et l’aborde sans esprit de sérieux mais l’esprit ouvert, par l’un de ses aspects les plus révélateurs : le versant sociologique. Le rapport à l’image, l’étiquette sociale, la peur du ridicule et du mauvais goût, tout y passe au gré de saynètes hilarantes ou glaçantes puisque les ruptures de ton sont ici de bon ton. Le sujet est mince donc mais donne matière à s’amuser, à pourfendre nos snobismes intellectuels (inénarrable parodie du Masque et la Plume) et à dégager nos complexes, notre angoisse d’être taxé de « beauf » (le mot est lâché), moqué devant les autres. Et si l’on arrêtait un peu de se demander, inquiet, ce que les autres vont penser de nous ? Et si nous agissions, sereins, dans l’élan de notre instinct ?

Kermesse assume l’entreprise futile de féconder de la légèreté. De placer le rire au premier rang et d’éviter à tout prix le premier degré. De ne pas chercher à être intelligent mais au contraire de retrouver la spontanéité des jeux d’enfants. Kermesse ose le ridicule avec panache et propose qu’on y plonge ensemble. Tous reliés dans l’insouciance de la danse. Imbéciles et heureux. Et ce faisant, c’est un souvenir qui se fabrique en direct. Un souvenir de spectateur.ice impérissable que l’on garde pour les jours tristes qui ne manquent pas ces derniers temps.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Kermesse
Texte Collectif La Cabale

Mise en scène Marine Barbarit & Charles Mathorez

Avec Marine Barbarit, Lola Blanchard, Alix Corre, Margaux Francioli, Akrem Hamdi, Aymeric Haumont, Charles Mathorez, Thomas Rio, Rony Wolff
Création lumière François Leneveu , Pacôme Vela

Partenaire Théâtre de Besné
Soutiens Avec la participation artistique du JTN, le soutien du CNSAD, du Studio ESCA, de L’Azimut – Antony/Châtenay-Malabry, Le LoKal – Compagnie Jean-Michel Rabeux, Mairie de Langres, Cours Florent
Remerciements David Fort, Chantal Haumont, Faouzia Derbel, Lénor Oberson, Alexandre Auvergne, Isabelle Mateu, Christelle Barrilliet, Dennis Mader, Pierre Hatier, Jean-Marc Hoolbecq, Patricia Guérin, Aurélie Launay, Lionel et Stéphanie Blanchard, Catherine Boulay, Alban Soulié, Baptiste Bordet

Durée : 1h30

Du 4 au 21 juillet 2024 à 20h20 à la Manufacture (Patinoire)

dans le cadre du Festival OFF d’Avignon

16 octobre 2023/par Marie Plantin
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1 réponse
  1. Michel
    Michel dit :
    15 juillet 2024 à 22 h 00 min

    Sur les 8 spectacles découverts a Avignon, c’est incontestablement le plus mauvais. Vulgarité, lourdeur, sans style. Le degré zéro de l’humour et de la culture. Passez votre chemin

    Répondre

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