La metteuse en scène britannique Katie Mitchell a annoncé dans une interview au Times qu’elle mettait un terme à sa carrière dans le milieu lyrique. Elle estime que « la misogynie systémique gangrène le genre depuis des décennies ».
L’Affaire Makropoulos qu’elle prépare pour le mois de novembre au Royal Opera House de Londres sera sa dernière mise en scène d’opéra. Dans son interview au quotidien The Times, Katie Michell, 61 ans explique que sa décision n’est pas uniquement motivée par le contenu des œuvres, souvent chargé en violence symbolique à l’égard des femmes, elle invoque aussi son expérience personnelle où « jamais un processus de travail n’a été exempt de sexisme », elle explique avoir subi des actes de violence physique : « un jour, on a même lancé des meubles sur moi ». La mysoginie est selon elle « un problème généralisé dans tout le secteur opéra en Europe et au Royaume-Uni ».
Diplômée en littérature, Katie Mitchell débute sa carrière comme assistante dans plusieurs théâtres londoniens, dont la Royal Shakespeare Company. C’est là qu’en 1996, revenue d’un cycle de résidences théâtrales en Europe de l’Est et particulièrement en Pologne, elle met en scène Les Phéniciennes d’Euripide qui lui vaut un brillant succès. Sa compagnie Classics on a shoestring crée dès lors des spectacles qui honorent son nom : des classiques grecs, anglais, nordiques et russes trouvent une nouvelle jeunesse dans le rythme qu’elle leur insuffle et par l’usage qu’elle fait de la musique et de la danse ou encore de la vidéo au sein de ses mises en scène.
Longtemps, elle a été l’une des rares femmes à être invitée à mettre en scène dans les maisons d’opéra. Au Festival d’Aix-en-Provence, elle met en scène Alcina en 2015, ainsi que Written on Skin de George Benjamin en 2012 repris à l’Opéra-Comique dans le cadre du Festival d’Automne à Paris en novembre 2013, puis Lessons in love and violence à l’Opéra de Lyon. En 2024, Le Festival d’Aix-en-Provence reprend le chef-d’œuvre, Pelléas et Mélisande de Debussy dans la production montée en 2016 dont la beauté suffocante et l’étrange mystère demeurent intacts.
Katie Mitchell dit vouloir se consacrer au théâtre, au cinéma, à l’écriture et à l’enseignement et souhaite « prendre du temps pour jardiner, nager, vivre ».



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