A l’Opéra national du Rhin, Marie-Eve Signeyrole met en scène le chef d’oeuvre italien Norma, en convoquant les souvenirs de Maria Callas qui a immortalisé ce rôle mythique. La mezzo-soprano Karine Deshayes fait ses débuts scéniques dans le rôle-titre.
Orgueil, colère, détresse… Dans cet opéra particulièrement célèbre pour son air Casta Diva, (« Chaste déesse » en français), Norma est une femme déchirée par des sentiments contradictoires. Druidesse gauloise, elle a rompu ses voeux de chasteté et a eu en secret des enfants avec le proconsul romain, Pollione. Mais elle découvre que celui-ci la trompe avec son amie Adalgisa, nourrissant sa rage et son désespoir.
Ici, point de forêt où l’on cueille du gui sacré: Marie-Eve Signeyrole – qui fait son retour à l’OnR après y avoir mis en scène Cendrillon de Wolf Ferrari en 2015, Don Giovanni en 2019 et Samson et Dalila en 2020- transpose l’action au XXe siècle, dans un théâtre en résistance, en pleine occupation.
Cantatrice adulée, Norma se plonge dans les souvenirs d’une autre idole elle aussi trahie, Maria Callas, qu’Aristote Onassis délaissa pour Jackie Kennedy. Des extraits des correspondances de « la Callas » soulignent le parallèle entre l’histoire personnelle de la cantatrice grecque et celle de Norma, rôle qu’elle a rendu populaire. Maria Callas, « c’est un exemple pour nous« , « elle fait partie des grandes figures qui ont marqué le rôle », confie Karine Deshayes.
« Rôle des rôles »
Mezzo-soprano aux multiples récompenses, dont trois Victoires de la musique classique de la meilleure artiste lyrique, Karine Deshayes avait auparavant endossé le rôle d’un autre personnage de l’oeuvre, Adalgisa.
« Là, voilà, je franchis le cap, je passe à celui de Norma, qui est quand même pour nous le rôle des rôles« , ajoute la belcantiste française.
Il est réputé comme l’un des plus exigeants du répertoire, prenant et particulièrement long, avec 45 minutes de chant à l’acte 1 et 45 minutes de chant à l’acte 2.
« La voix est très sollicitée, et dans le grave, et dans l’aigu. Cela demande vraiment des exigences techniques, des choses qu’on doit maîtriser pour, après, se mettre vraiment au service du personnage et du rôle« , explique-t-elle.
« Femme amoureuse, femme blessée, mère, guerrière qui mène sa troupe, qui mène sa vie, qui assume ses fautes… Le rôle est vraiment intense. On passe par toute une palette de sentiments et c’est ça qui est génial à jouer« , raconte Karine Deshayes.
« C’est un énorme défi mais c’est un énorme cadeau aussi« , apprécie la mezzo-soprano, sur scène aux côtés de Benedetta Torre (Adalgisa), Norman Reinhardt (Pollione) et Önay Köse (Oroveso).
Ils sont placés sous la direction du chef italien Andrea Sanguineti à la tête de l’Orchestre symphonique de Mulhouse.
Norma est présenté à l’opéra de Strasbourg du 11 au 20 juin puis à La Filature à Mulhouse les 28 et 30 juin, et clôt la saison 2023/24 à l’Opéra national du Rhin.
Pauline Froissart © Agence France-Presse
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !