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Justine Heynemann, metteuse en scène culottée

Les portraits, Paris, Théâtre

photo Manika Auxire

A la tête de la compagnie Soy Création, Justine Heynemann créée des spectacles généreux et chatoyants où l’humour côtoie de près des sujets profonds. 

Quand on rencontre Justine Heynemann un matin de janvier dans un café parisien, la metteuse en scène a l’esprit entier tendu vers sa prochaine création, en cours de répétition avec la troupe du français. Culottées, la célèbre BD de Pénélope Bagieu verra le jour à la fin de cette semaine au Studio-Théâtre de la Comédie-Française. Une première. Si la Maison de Molière a déjà vu son répertoire s’élargir aux contes populaires de notre enfance, l’adaptation d’une bande dessinée dans ses murs ouvre de nouvelles perspectives. Un choix conscient et assumé, validé par Eric Ruf qui a l’esprit large. Pour Justine Heynemann, « Pénélope Bagieu est une grande autrice. La force de sa BD, c’est qu’elle ne suit pas la chronologie. L’enchainement des portraits n’est pas rationnel, il avance selon une logique plus poétique et émotionnelle, ce qu’on a essayé de garder avec Rachel [Arditi qui l’adapte avec elle, ndlr]. Pénélope impose à son récit des ruptures de rythme dynamisantes, des accélérations, des arrêts sur image, des respirations oniriques. Quand on la lit, ça s’ancre en nous, ça ne s’oublie pas. » Avec Rachel Arditi, elle s’empare de l’ouvrage qui égraine des destins de Femmes qui ne font que ce qu’elles veulent, sous-titre qui annonce la couleur, et lui impriment leur patte. Elles n’hésitent pas à bousculer l’ordre des récits, cherchant à deux une logique qui réponde à leur propre regard, à ce qu’elles ont envie de raconter. Afin de s’approprier la dramaturgie à l’œuvre dans l’album pour dérouler leur propre fil. Après avoir vu Les Petites Reines, Songe à la douceur et P.U.N.K.E.S, on ne se lasse plus de leur binôme inspiré et enjoué. « Rachel, ça a été un coup de foudre amical », confie Justine. « On s’est littéralement trouvées dans notre chemin d’autrices. Notre relation est très égalitaire et complémentaire. J’ai la sensation qu’on s’apporte mutuellement. »

Avant de se lancer dans cette co-écriture complice et fertile, Justine Heynemann a démarré son chemin de théâtre en puisant dans le répertoire classique. C’est avec Le Misanthrope de Molière que la jeune fille d’alors devient metteuse en scène. « Sa lecture a été une véritable révélation. Le personnage de Célimène en particulier a été un déclic pour moi, il marque le début de ma prise de conscience féministe. Célimène est souvent réduite à être représentée comme une coquette volage et frivole et je voulais lui rendre justice. C’est une femme libre qui décide de son destin, elle est prête à sacrifier l’amour pour sa liberté. » Inscrite en bac cinéma, elle tourne d’abord un court-métrage inspiré par ce personnage puis ce sera la pièce entière qui jouera au Lucernaire puis en tournée. Justine Heynemann n’a que 23 ans et les dés sont lancés. Suivront entre autres, après d’autres figures féminines fortes comme Andromaque (de Racine) ou Louison (de Musset), une adaptation de la pièce de Goldoni, Les Cuisinières et deux pièces de Lope de Vega, La Discrète amoureuse et La Dama Boba en parallèle avec sa découverte du théâtre contemporain qui opère un tournant dans les thèmes qu’elle aborde (Jean-Gabriel Nordman avec Bakou et les adultes, Carine Lacroix et Le Torticoli de la girafe).

Ses spectacles témoignent d’un goût certain pour la comédie en demi-teinte. Inspirée par les comédies anglaises drôles et émouvantes à la fois, par le cinéma haut en couleur d’Almodovar, toujours sur la ligne de crète entre humour et drame, Justine Heynemann a trouvé son style dans cet entre-deux. C’est là qu’elle peut déployer pleinement sa tonalité propre. « Mettre en scène, c’est un acte d’auteur, on ne peut pas tout monter. Il faut se sentir en intimité avec une œuvre. » Intimité rencontrée à travers l’écriture libre et allègre de Clémentine Beauvais dont elle co-adapte et met en scène deux romans, Les Petites Reines et Songe à la douceur, avant de découvrir le parcours-comète des Slits, premier groupe de punk féminin londonien dont elle écrit à quatre mains toujours, avec sa fidèle Rachel Arditi, le destin (P.U.N.K.E.S ou comment nous ne sommes pas devenues célèbres). Des spectacles dynamiques et colorés, arborant musique et chansons live, qui célèbrent des héroïnes pleines d’audace et de courage. Leur point commun ? Des récits d’émancipation. Tout comme Cookie, adaptation de l’autobiographie de Cookie Mueller, Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noire, seule en scène musical qui retrace à cent à l’heure la vie de l’égérie underground du New York des années 70.

Pas étonnant que son prochain projet tourne autour d’une figure historique exceptionnelle, féministe avant l’heure, Olympe de Gouges. Un spectacle qui s’écrit à nouveau avec Rachel Arditi (on ne change pas une équipe qui gagne) et plonge au cœur de la Révolution française. « Je voulais un grand rôle pour Rachel, je l’ai trouvé. Elle interprètera Olympe de Gouges mais le spectacle est choral. C’est une femme incroyable, hyper moderne, en porosité avec le monde. Une femme qui a décidé que sa vie était moins importante que ses idées. ». Encore une intrépide, une femme volontaire, en révolte contre l’ordre établi, qui choisit sa vie plutôt que de la subir. Justine Heynemann n’a pas fini de nous prouver qu’elle n’en fait qu’à sa tête. Ce qui s’appelle être…. culottée.

Par Marie Plantin – www.sceneweb.fr

28 mars 2024/par Marie Plantin
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