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« Y’a plus qu’à » : les Amish passent à l’attaque

A voir, Avignon, Best Off, Les critiques, Théâtre
Y'a plus qu'à de Julien Guyomard
Y'a plus qu'à de Julien Guyomard

Photo Christel Laur

Spectacle en faveur de l’écologie et à base de mise en abyme du travail théâtral, Y’a plus qu’à avait vraiment tout pour se planter. C’était sans compter le talent de Julien Guyomard et de sa troupe, qui dessinent avec énormément de drôlerie et de finesse la carte d’un cheminement possible de l’action écologique. Maintenant, plus d’excuse, y’a plus qu’à.

Pour ceux qui veulent pousser la cause écolo se pose souvent la question du bon ton à adopter. Trop catastrophiste, on est décourageant. Trop relativiste, on évacue l’urgence. Trop culpabilisateur, on est des Khmers verts. Trop politique, des gauchistes, etc., etc. Au centre de Y’a plus qu’à, figure cette question du comment agir face à la catastrophique dégradation du vivant, qui plus est en faisant du théâtre. Vaste interrogation qui peut laisser bien songeur, surtout quand on veut, comme Julien Guyomard, « offrir à penser un récit joyeux, des modalités d’action, des outils concrets qui pourraient, peut-être, nous aider à tous devenir des ‘acteurs’ du futur qui se construit ». Comme on dit, vraiment, y’a plus qu’à…

Surtout qu’on peut craindre, à juste titre, ces spectacles qui mettent en abyme leur difficulté à se faire. Dans celui-ci, une autrice et metteuse en scène se demande comment créer une pièce sur l’écologie. Un (faux) spectateur l’interrompt. Il exprime que, lui, il est venu pour s’amuser parce que la vie, c’est pas tous les jours facile, etc., etc. Trois comédiens débarquent donc, qui vont chacun proposer leur version d’un futur possible. Aucune « malheureusement » – survivalisme, planète B et technosolutionnisme –, bien que très drôle, ne s’avère satisfaisante. Suivant une dramaturgie fragmentée, Guyomard et sa troupe fabriquent ensuite des scènes qui traversent quelques-unes des questions et certains concepts essentiels de l’écologie, à la recherche de la bonne formule. Écoanxiété, dissonance cognitive, découplage, horizontalité du pouvoir, croissance infinie pour des ressources limitées et autre recours à l’action violente traversent ces saynètes qui produisent une sorte de manuel d’écologie pour les nuls. Chacun y apprendra ce qu’il ne sait pas déjà – sur la typologie des signes de main type Nuit Debout, sur la fabrication du désir de consommation… – grâce à une matière riche, notamment alimentée par des rencontres effectuées avec de nombreux scientifiques en amont de l’écriture de la pièce. Et chacun trouvera surtout, tout du long de ce work in progress extrêmement habile, l’occasion de mettre au clair sa pensée face à des problématiques complexes. Le tout en riant.

Après Les Méritants, Guyomard confirme donc sa capacité à articuler avec brio comédie et théâtre politique. Sans rien enlever aux visions qu’il défend, mais avec une bonne dose d’autodérision, il parvient encore une fois, sur un fil, à faire rire et réfléchir tout en même temps dans un théâtre d’apparence simple, qui n’a pas peur pour autant de s’embarquer dans les finesses d’une pensée dialectique. Qui trouve sa forme en traversant ses propres contradictions et par l’intermédiaire d’une théâtralité artisanale. Pensé pour voyager tout-terrain, Y’a plus qu’à réduit ainsi au minimum sa scénographie et s’en remet au jeu tout en pseudo spontanéité de ses très bons interprètes. Magaly Godenaire, Julien Cigana, Damien Houssier, Renaud Triffault et Elodie Vom Hofe changent de rôles au gré des scènes, mais esquissent des traits récurrents, déploient une large typologie de rapports à la question écologique tout en dessinant des personnages de plus en plus comiques. Poussant jusqu’au bout sa singularité et sa capacité à avancer tout en conservant un regard critique sur ce qu’il produit, Y’a plus qu’à se permet en plus de dessiner des voies à suivre. Foin des fins ouvertes et autres suspensions de jugement en mode (pas climato)sceptique, le spectacle délivre bon an mal an sa foi en d’autres avenirs possibles et des pistes pour les mettre en place. Un indice : gare à vos SUV…

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Y’a plus qu’à
Texte et mise en scène Julien Guyomard
Avec Magaly Godenaire, Julien Cigana, Damien Houssier, Renaud Triffault, Elodie Vom Hofe
Dramaturgie Damien Houssier, Elodie Vom Hofe
Création sonore Théo Cardoso
Création costumes Benjamin Moreau

Production Scena Nostra
Coproduction L’Envolée, Pôle artistique du Val Briard
Avec le soutien de la DRAC Ile de France, la Région Ile de France, le département de l’Essonne et de la CAESE dans le cadre de la résidence triennale de la compagnie

Durée : 1h10

Vu en juin 2025 à Cromot, Paris

Théâtre du Train Bleu, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 5 au 24 juillet, à 18h45 (relâche les 11 et 18)

​Les Ulis
le 10 octobre

Scène de Recherche de l’ENS Paris-Saclay
le 15 novembre

Saint-Escobille
le 30 novembre

5 juillet 2025/par Eric Demey
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