Judith Depaule, la fondatrice de l’atelier des artistes en exil propose plusieurs rendez-vous à La Maison des métallos pour sa CoOP jusqu’au 25 mars 2022. Elle donne à entendre les récits des exilé.e.s et des artistes de tous pays à travers son spectacle Je passe (en 4 parties) et propose une balade sentimentale augmentée ponctuée de récits et portraits des habitants du quartier Belleville-Ménilmontant à Paris.
Pour des raisons discutables, la guerre en Ukraine semble conduire les Français à considérer les réfugié.e.s sous un jour nouveau. Parallèlement, la campagne de la Présidentielle laisse libre champ à l’expression d’un racisme décomplexé. C’est dans ce contexte que la maison des Métallos consacre son mois de mars à l’histoire ancienne et récente de migrations sous la houlette de Judith Depaule, la metteuse en scène et directrice de l’atelier des artistes en exil. Depuis 5 ans, elle accueille et accompagne les exilés artistes arrivant en France. L’atelier s’occupe aujourd’hui d’environ 350 personnes. Et c’est avec eux qu’elle a construit ses spectacles Je passe. De balades dans le quartier de Belleville qui enchevêtrent présent et passé cosmopolites à la découverte de récits d’artistes réfugiés en France, le passage aux Métallos est plus que jamais d’actualité. Elle y déploie son univers tissé de migrations.
Des histoires de migration, le quartier Belleville-Ménilmontant à Paris, où se situe la Maison des Métallos, en regorge. Émigrés juifs, maghrébins, africains et chinois notamment ont souvent pris pied dans ce quartier populaire de Paris qui offre aujourd’hui une mosaïque culturelle sans beaucoup d’équivalents. Partant de ce constat, Judith Depaule, a collecté pendant un an des récits des habitants et a mis en place des balades sentimentales augmentées à travers le quartier, qui en reconstituent le passé et permettent surtout d’en retraverser le présent avec un regard bouleversé et assez bouleversant.
Il faisait beau, c’était l’heure du déjeuner. Entre bistrots à la riche histoire, foyer social sauvé de la destruction, école terreau de luttes populaires, et autre association qui récupère et distribue les invendus de Rungis, c’est donc à une redécouverte du territoire que m’a mené cette merveilleuse balade sentimentale augmentée. Téléphone à la main – écouteurs conseillés – une application vous promène au hasard entre Belleville et Ménilmontant. Que vous en soyez éloigné ou un connaisseur aguerri, la boussole qui guide vos pas dans le quartier vous fera jeter un œil neuf sur une zone à l’architecture disparate, véritable mille feuilles de politiques urbaines, et à l’histoire insoupçonnée. Ici, vous pourrez être invité à entrer dans un foyer social pour travailleurs immigrés où un comédien vous attend pour vous en raconter l’histoire. Là, une comédienne vous aborde gaillardement en endossant le rôle d’un élève de l’école publique qui mène la révolte jusqu’au pied d’un monument dédié à la Commune. Ailleurs, ce sont des interviews à découvrir sur vos téléphones, devant les bâtiments, qui vous en racontent l’histoire ou ce qui se passe actuellement à l’intérieur.
Il y a de quoi tomber amoureux de ce quartier avec cette balade sentimentale. Les interviews agitent souvent le souvenir d’un passé doré, où les communautés d’immigrés se mélangeaient joyeusement. Sans tomber dans le Amélie Poulain, et mettant en avant le brassage des classes sociales qui s’opère ici, l’expérience conduit également à prendre le temps, à se perdre, à découvrir des lieux méconnus, à s’arrêter là où généralement on ne fait que passer, et à entrer là où on craignait de s’aventurer. L’allure sauvage des rues se mue ainsi en un bouillonnement joyeux, produit de migrations successives mélangées.
Retour aux Métallos pour l’un des quatre spectacles intitulé Je passe qu’a créés Judith Depaule à travers les récits des artistes de son atelier. Le principe en est simple : Judith Depaule a demandé à ces derniers de raconter pourquoi et comment ils avaient quitté leur pays. Le dispositif également. Sept groupes de quelques spectateurs et sept jeunes comédiennes et comédiens issus de l’ERACM (Ecole Régionale d’ Acteurs de Cannes et Marseille) qui s’assoient à tour de rôle devant chaque groupe. Iels portent une tablette où figure l’artiste en question, iels racontent son histoire à la première personne pendant cinq minutes, puis lancent sur leur appareil une vidéo où l’artiste peint, chante, déclame un poème, sculpte…selon sa spécialité. L’effet produit est assez fort. Les récits parfois terribles, toujours saisissants. Opposants au régime emprisonnés, persécutés, femmes qui tentent d’échapper aux carcans culturels… Les situations sont diverses et représentatives de ces trajectoires qui poussent les gens à s’exiler. Ces récits, on les connaît déjà tous un peu, naturellement. Sous leur forme médiatique. Endossés individuellement, dans une incarnation pleine de nuances, ils acquièrent une consistance, une force toute autre. Ils deviennent réalités.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
Balade sentimentale augmentée
Conception : Judith DepauleDurée : 1h
mer. 9 mars 12h et 13h
jeu. 10 mars 12h et 13h
sam. 12 mars 15h, 16h, 17h
dim. 13 mars 17h30 et 18h30
mer. 16 mars 12h et 13h
jeu. 17 mars 12h et 13h
sam. 19 mars 15h, 16h, 17h
dim. 20 mars 17h30 et 18h30Je Passe
Conception et mise en scène Judith DepauleDurée : 1h
jeu. 3 mars 19h (Je passe 1)
ven. 4 mars 20h (Je passe 2)
sam. 5 mars 19h (Je passe 3)
dim. 6 mars 16h (Je passe 4)
jeu. 10 mars 14h et 19h (Je passe 1)
ven. 11 mars 20h (Je passe 2)
sam. 12 mars 19h (Je passe 3)
dim. 13 mars 16h (Je passe 4)
jeu. 17 mars 19h (Je passe 1)
ven. 18 mars 20h (Je passe 2)
sam. 19 mars 19h (Je passe 3)
dim. 20 mars 16h (Je passe 4)Je passe 1
Zélie Gillet, Ana Maria, Morgane Peters ou Marie Levy, Clémentine Vignais, Nathan Roumenov, Pablo Jupin, Nicolas GachetJe passe 2
Mathilde Bigan, Mouradi M’Chinda, Pauline d’Ozenay, Angélica Kiyomi, Fernand Catry, Morgane Peters ou Marie Levy, Anouk Darne TanguilleJe passe 3
Mathilde Bigan, Pauline d’Ozenay, Angélica Kiyomi, Nathan Roumenov, Anouk Darne Tanguille, Nicolas Gachet, Raphaël BocobzaJe passe 4
Pablo Jupin, Ana Maria, Fernand Catry, Mouradi M’Chinda, Raphaël Bocobza, Zélie Gillet, Clémentine Vignais
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