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« Journal des fouilles », plongée dans l’histoire

A voir, Jeune public, Les critiques, Montreuil, Théâtre
Mirabelle Rousseau et la compagnie Le T.O.C. créent Journal des fouilles
Mirabelle Rousseau et la compagnie Le T.O.C. créent Journal des fouilles

Photo Hervé Bellamy

La metteuse en scène Mirabelle Rousseau et la compagnie Le T.O.C. nous permettent d’approcher dans une forme directe l’archéologue Jane Dieulafoy.

C’est un spectacle aussi court que précis, aussi modeste qu’intelligent, et qu’on aimerait pouvoir voir se déployer encore plus avant. D’autant qu’il y a toujours dans les projets de la compagnie Le T.O.C., emmenée par Mirabelle Rousseau, un travail de défrichage, un souci d’arpenter des territoires littéraires et artistiques peu investis par le champ théâtral. À titre d’exemple, la troupe a monté, en 2013, le SCUM Manifesto de Valérie Solanas (Scum Rodeo), manifeste alors méconnu au-delà des cercles féministes ; elle a adapté, en 2015, un roman inachevé de l’auteur (notamment de polars) Jean-Patrick Manchette (Iris) ; et a, plus récemment, travaillé sur des extraits du journal de la poétesse Mireille Havet dans L’Enfer préventif. Pour sa nouvelle création, prioritairement adressée à un public de collégien.nes et de lycéen.nes, l’équipe nous fait découvrir Jane Dieulafoy.

Avec son époux Marcel Dieulafoy, ingénieur des Ponts reconverti dans l’archéologie, Jane Dieulafoy réalisa, entre 1871 et 1879, de nombreux voyages, notamment en Algérie, au Maroc, ou à travers la Perse et la Mésopotamie. Cette femme d’extraction bourgeoise mena une vie bien éloignée de celle de l’épouse au foyer. Investie dans les expéditions, passionnée d’archéologie, Jane Dieulafoy a adopté le costume masculin lors de ses excursions, et l’a conservé bien au-delà. Elle fut ainsi l’une des rares femmes de son époque à solliciter un permis de travestissement, une ordonnance de police de 1800 condamnant toujours les femmes prenant les habits masculins. C’est tout près de son campement, à Suse, que Journal des fouilles nous installe, pour relater la découverte dans cette ancienne cité d’Iran de la Frise des Lions du palais de Darius, de la rampe de l’escalier du palais d’Artaxerxès III, et de la Frise des Archers – qui seront rapportées au Louvre, où elles sont toujours exposées aujourd’hui.

Prenant place sur des peaux à même le sol, face à une tente sommaire devant laquelle des ustensiles et outils trônent, le public attend l’entrée de l’archéologue. Ce n’est pas de ce bivouac que Jane Dieulafoy surgit, mais de la salle – façon de signaler que cette femme n’est jamais là où on l’attend. Vêtue d’un pantalon, d’une veste noire et d’une chemise blanche, portant un bagage en cuir contenant son matériel et une paire de jumelles, elle nous embarque dans son histoire. En une quarantaine de minutes, l’on suit au plus près, et à un rythme cadencé, le récit de son voyage de plusieurs semaines jusqu’à Suse, ses découvertes sur place et le rapatriement de celles-ci en France. Interprété avec précision et une présence à la justesse saisissante par la comédienne Milena Csergo, soutenu par la musique de Stéfanos Floras – installé à côté du bivouac –, l’ensemble donne chair et corps à l’expédition. L’on découvre une Jane Dieulafoy fougueuse et déterminée, se laissant volontiers aller à un lyrisme – « Vous ouvrirez vos flancs, montagnes jalouses qui recelez l’histoire du passé ! Vous livrerez vos trésors, nécropoles inviolées ! » – parfois teinté de bellicisme – « La mission de Susiane a livré une bataille désespérée et, la Providence aidant, elle revient victorieuse ».

Le spectacle, s’il permet de découvrir cette archéologue intrépide, qui fut aussi romancière, journaliste et photographe, n’évacue pas les différentes facettes de ce personnage. Car, quoiqu’à mille lieues de toute soumission à « l’ange du foyer » évoqué par Virginia Woolf – métaphore des obstacles empêchant les femmes de devenir écrivaines –, Jane Dieulafoy a ses paradoxes. Acharnée et passionnée dans son travail, non-conformiste par ses tenues et sa coupe courte, l’archéologue est conservatrice par plusieurs aspects. Outre sa cécité quant aux pillages qu’elle réalise, elle relate avec bien peu de conscience la violence des rapports de classe (euphémisme), comment son époux mate une revendication salariale des ouvriers et punit un menu larcin. Et si l’on plonge de plain-pied dans le récit et les aventures de cette femme, l’on embrasse, en un même geste, la complexité de son histoire, comme de sa démarche.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Journal des fouilles
Texte Jane Dieulafoy
Mise en scène Mirabelle Rousseau
Avec Milena Csergo
Musique Stéfanos Floras
Scénographie Clémence Kazémi
Dramaturgie Muriel Malguy
Costumes Mina Ly
Intervenant Gaspard Njock, illustrateur
Construction Maxime Papillon
Sculpture céramique Dove Perspicacius

Production Le T.O.C.
En partenariat avec le Théâtre Municipal Berthelot, Montreuil
Avec le soutien de la Ville de Montreuil, du Lycée Corvisart-Paris et du Collège Oeben-Paris

La Compagnie T.O.C. est conventionnée par le Ministère de la Culture-DRAC Ile de France, la Région Ile de France au titre de la Permanence artistique et culturelle et la Ville de Montreuil.

Durée : 40 minutes

Théâtre La Girandole, Montreuil
du 10 au 13 décembre 2024

13 décembre 2024/par Caroline Chatelet
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