Jimmy Savile manque sa cible

Entre documents d’archives, projections vidéo, et quelques tubes de l’histoire du Rock, Jimmy Savile, un silence assourdissant tente de brosser la vie d’un présentateur vedette de la BBC qui a fait subir à des centaines de victimes, surtout des enfants, des sévices sexuels, dans le plus grand secret. Un spectacle paré de bonnes intentions mais qui trop décousu.

Pour un adolescent français, l’émission de la BBC, Top of the pops dans les années 70/80, c’était le rêve d’accéder avant tout le monde à la musique rock. Ce n’était pas encore l’heure de la mondialisation où tout se trouve sur le web, il fallait scruter les passages furtifs dans Les Enfants du Rock le samedi soir, sur Antenne 2 ou alors profiter de quelques voyages scolaires pour regarder cette émission mythique. Sauf que personne ne savait à l’époque son présentateur vedette était un prédateur sexuel. Ce n’est qu’après la mort de Jimmy Savile en 2011 que les langues se sont déliées. Les victimes ont commencé à parler. La statue « Sir Savile » s’est brisée mille morceaux.

L’idée de Pierre-Marie Baudoin est séduisante. Il a reconstitué le plateau de Top of the pops avec ses podiums, ses ballons de baudruche, et un groupe de rock en live. Le spectacle est une enquête documentaire pour remonter le cours du temps, il analyse comment ce satire a édifié ses crimes et fabriqué son empire. Mais le spectacle est mal construit. Entre les vidéos réalisées en direct et le groupe OKAY MONDAY qui joue des tubes du répertoire, le jeu dramatique manque d’incarnation. La parole des victimes est noyée et mal portée sur scène.

Pierre-Marie Baudoin esquisse un lien entre l’impunité de Savile et les années Thatcher. Mais tout cela reste en surface. Et le début du spectacle est très mou, on a envie qu’il soit plus percutant, plus mordant, qu’il attaque Savile. Au lieu de cela on écoute une version mollassonne de « Bohemian Rhapsody » du groupe Queen. Les jeunes garçons de OKAY MONDAY manquent de niaque. On a même réussi à bailler sur la reprise de « Do you really want to hurt me ? » de Boy George.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Teaser Jimmy Savile Théâtre DLR² from pmbaudoin on Vimeo.

Jimmy Savile, un silence assourdissant
texte et mise en scène : Pierre-Marie Baudoin
Aide à la dramaturgie : Claire Northey
Avec : Jean-Claude Bonnifait, Franck Taponard, Sarah-Jane Sauvegrain & Anna Carlier
Musique live : OKAY MONDAY avec Jeremy Cuvelier, Jean Fleury, Aurélien Gainetdinoff & Antoine Pouilly
Lumière: Grégoire Delafond
Vidéo : Stéphane Hirlemann
Son : Eric Dupré
Construction marionnette : Matthieu Fayette
Construction décor : Jean-Louis Mouchel-Cadet, lycée des métiers du Spectacle Jules Verne, Sartrouville
Chargé de diffusion : Olivier Talpaert
Chargé de production : Jean-Baptiste Derouault
oproduction l’Avant Seine / Théâtre de Colombes. Avec la participation artistique du Jeune théâtre national et avec le soutien du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, D.R.A.C. et Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Avec le soutien de la Mairie de Paris et de la Spédidam.
durée 1h30

Monfort Théâtre
Du 2 au 13 février 2016
DU MARDI AU SAMEDI À 19H30