Les flux migratoires, ceux des marchandises et ceux des matières premières empruntent des routes parallèles dans un constant déséquilibre des échanges entre le nord et le sud. Pendant que les multinationales jouent allègrement à saute-frontières en empruntant la voie royale, les parcours humains empruntent le plus souvent des chemins de traverse, du fossé des bords de route aux vols long-courrier. Boubacar, québécois, vient négocier un contrat pour la société d’exploitation minière avec pour conséquence la destruction du village d’origine de ses parents. Face à lui et à son supérieur Perry, des hommes et des femmes dressent des barricades, avec les mots, avec des armes. Et tout autour, des personnages désabusés ou résignés, qui ont cédé face à la corruption, au favoritisme et à l’inertie. Si l’exploitation minière – le plus souvent un pillage des ressources naturelles du continent africain – amène dans son sillage la pollution de l’eau, de l’air, de la terre, elle bouleverse aussi intimement les êtres humains d’un bout à l’autre d’une chaîne destructrice. Des téléphones portables aux mines de Guinée, des relations humaines faites de luttes, de résistances et d’espoirs se nouent et se dénouent, détruisant au passage des corps, des cultures et des écosystèmes.
Jérôme Richer et Martin Bellemare se sont croisés à plusieurs reprises aux Francophonies ou au Jamais Lu à Montréal mais c’est grâce à Hakim Bah, auteur et responsable artistique du Festival Univers des mots à Conakry qu’a pu se concrétiser cette collaboration. En 2017, Jérôme Richer en tant que metteur en scène était invité à accompagner un auteur sur le thème Nos migr’actions, avec pour finalité une représentation d’une heure. C’est le texte de Martin Bellemare qui lui a été attribué. Et l’alchimie a fonctionné, le texte de Martin Bellemare, alors appelé Intérêts et contreparties faisant étrangement écho au thème sur lequel travaillait Jérôme Richer, cette fois en tant qu’auteur : l’exploitation minière, la mondialisation destructrice et ses conséquences sur les vies humaines. C’était en réalité un dyptique qui se constituait, les deux faces d’un même commerce des Hommes et des terres. Cœur minéral en Guinée, Blackcore en Suisse abordant le trading des matières premières. Avec six comédiens, Martin Bellemare et Jérôme Richer se sont plongés dans la fabrique d’un texte, faisant confiance à la poésie dans sa capacité à dire le monde.
Cœur Minéral
Texte Martin Bellemare
Mise en scène Jérôme Richer
Avec Morciré Bangoura, Moïse Bangoura, Fidèle Baha, Ashille Constantin, Adrian Filip, Fatoumata Sagnane Condé
Assistanat à la mise en scène Myriam Demierre
Scénographie et costumes Emilou Duvauchelle
Lumières Joëlle Dangeard
Musique Andrès GarciaaProduction
Production Compagnie des Ombres
Coproduction Oriental Vevey
Avec l’aide au projet de la Ville de Genève, la Loterie Romande, la Fondation Ernst Gohner, le Fonds culturel Sud, Canton de Genève, CorodisAccueil en partenariat avec les centres culturels municipaux de Limoges.
Les Francophonies
4 et 5 octobre 2019
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