C’est presque un festival dans le Festival ( d’automne)! 8 spectacles de Jérôme Bel et un film. Il faut tout voir pour comprendre la portée de cet artiste aux lisière de la danse, de la performance et du théâtre. Mais à l’heure des choix, nous avons gardé trois spectacles…
Pichet Klunchun and myself
Jérôme Bel, autrefois, donnait de sa personne dans ses créations : il avoue ne pas être un grand danseur et pourtant tout fait sens lorsqu’il entre en scène. C’est le cas dans ce duo -peu vu en Ile de France- Pichet Klunchun and myself repris dans le cadre de ce Portait du Festival d’automne : Bel se confronte à un soliste spécialiste de la danse traditionnelle thaï. Un style extrêmement codifié à la beauté lointaine. Bel entame donc la discussion sur scène, ordinateur en prime. Pichet comme Jérôme évoquent leur pratique et peu à peu se font jour les différences culturelles. Ce laboratoire en mouvements est riche d’enseignements que ce soit sur la virtuosité d’un art traditionnel ou l’approche conceptuelle d’un créateur comme Bel. Le plus beau tient dans le respect immense qui est le véritable trait d’union entre Pichet Klunchun et Jérôme Bel. Il y a des sourires à la clef, de l’émerveillement aussi. Dans une série de solo ( Cédric Andrieux ou Véronique Doisneau ) Jérôme Bel s’interrogeait sur la vie du danseur. Avec Pichet Klunchun and myself il creuse ce sillon autrement par l’effet miroir d’un duo. Une réussite.
Centre Pompidou Paris du 15 au 18 novembre
Forsythe/Brown/Bel
Paradoxalement la plus belle chorégraphie de ce programme du ballet de l’Opéra de Lyon n’est pas celle de Jérôme Bel mais la reprise de Set and Reset/Reset de Trisha Brown. On y retrouve cette grammaire du geste propre à l’américaine disparue cette année, fluidité et malice, jeu de contrastes aussi. Bel ne cache pas son admiration pour Trisha. Il a pensé ce programme réunissant Trisha Brown et William Forsythe -le tout ponctué d’ une courte création qu’il signe pour l’occasion. Le concept de Jérôme Bel est des plus simple : une phrase du vocabulaire classique -La Bayadère en l’occurrence- étirée au maximum avec tous les danseurs de la compagnie. Laquelle a abandonné ces ballets depuis longtemps… Mais comme souvent chez JB ce qui se voit et ce qui reste en mémoire après l’avoir vu provoque un décalage savoureux. Une curiosité donc plus qu’une réussite dont le titre résume assez bien l’enjeu : Posé arabesque, temps liée en arrière, marche marche.
29 novembre au 2 décembre MAC Créteil
The show must go on
Le spectacle de l’adoubement public et critique. Le principe est d’une rare simplicité : une action et une réaction. A coup de tubes quasi universels -y compris Céline Dion versus Titanic!- Jérôme Bel met en branle une mécanique du corps dansant. Créé en 2001 The show must go on a connu pourtant des débuts houleux. On a ainsi souvenir d’une première au Théâtre de la Ville qui allait virer au concours d’invectives et autre accusation de fumisterie. Bel un provocateur ou un opportuniste ? Dans cette manière d’étudier la société du spectacle Jérôme Bel bouscule notre vision de la culture populaire et (re)met l’interprète au cœur du dispositif. Quelques années plus tard c’est le Ballet de l’Opéra de Lyon qui fera entrer cette pièce à son répertoire. Un triomphe avec des salles au public debout, hurlant de bonheur. Gala donné l’an passé a installé Jérôme Bel au firmament des stars du contemporain. Raison de plus pour découvrir The show must go on en 2017. Ce sont les anglais de Candoco Dance Company réunissant danseurs dont certains handicapés et amateurs. qui font le Show.
L’Apostrophe Louvrais/Pontoise 5 décembre
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines les 8 et 9 décembre
MC93 Bobigny avec le Théâtre de la Ville, du 12 au 16 décembre
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Portait Jérôme Bel festival d ‘automne à Paris
du 4 octobre au 10 décembre
programme complet : www.festival-automne.com
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