La compagnie de Jérémie Le Louët, Les Dramaticules, a passé tout l’été au Château de Grignan pour présenter sa version de Don Quichotte de Cervantès. Ce spectacle généreux, entre tradition et modernité, servi par une troupe d’acteurs excellents continue sa carrière en salle.
« Pourquoi Don Quichotte ? », « Comment condenser 1500 pages en deux heures ? » Ce sont des questions traditionnelles que se posent les spectateurs avant le lever de rideau. Alors Jérémie Le Louët a décidé de les poser à haute voix. Les comédiens sont mélangés au public dans les gradins et l’interpellent lors d’une séance de questions/réponses bien rodée. Il est à la table du conférencier, habillé en Don Quichotte, avec à ses côtés son fidèle Sancho, Julien Buchy. Un début sympathique qui donne le ton d’un spectacle débridé où les idées ne manquent pas. Le plateau est toujours en mouvement. Jérémie Le Louët utilise l’espace et la majesté de la façade du château de Grignan comme on l’a rarement vu ces dernières années.
Cette version de Don Quichotte est un hommage à la littérature chevaleresque, avec un goût affirmé pour le burlesque. Il y a un côté Monty Python, un zeste de BD et de Tex Avery. Quichotte pédale sur un cheval à roulettes, Sancho sur un âne à roulettes. On déplace des éléments de décor peints en carton pâte ; des bottes de foin, des cactus, un rocher. La mise en scène oscille entre le côté artisanal du théâtre et les gros moyens techniques. Il y a trois caméras sur le plateau dont une sur un bras articulé.
Jérémie Le Louët joue à fond sur le divertissement mais aussi sur le théâtre en construction. L’œuvre de Cervantès est tellement immense, qu’elle permet de tout oser. Il réussit là où Orson Welles et Terry Gilliam ont échoué. C’est un exploit. Le côté Grand Guignol lui permet cette liberté. Il tombe parfois dans la facilité et tire de grosses ficelles lorsqu’il sollicite le public qui scande debout comme un seul homme : « On n’est pas des moutons, on est colère ! ».
Le metteur en scène règle aussi ses comptes avec la profession et s’attribue le Molière du meilleur spectacle pour dénoncer la vacuité de la cérémonie. Il philosophe sur l’état du Monde pour donner au roman de Cervantès une dimension universelle. Si on fait la fine bouche par moment sur quelques effets de mise en scène, en revanche il hisse la direction d’acteur à un très haut niveau. Ils sont tous géniaux – et l’on peut ajouter Thomas Chrétien à la lumière et Simon Denis au son dont le travail participe à la dramaturgie.
Mais la très grande révélation du spectacle est la seule comédienne de la distribution : Dominique Massat. Quelle présence, quelle voix ! Elle était Mère Ubu dans la précédente production des Dramaticules, elle a aussi travaillé sur le Hamlet d’Igor Mendjidky. Une comédienne à suivre.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Don Quichotte
D’après Miguel de Cervantès
Adaptation et mise en scène : Jérémie Le Louët / Compagnie des Dramaticules
Avec : Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg, Jérémie Le Louët, David Maison et Dominique Massat
Collaboration artistique : Noémie Guedj / Scénographie : Blandine Vieillot / Construction : Guéwen Maigner / Costumes : Barbara Gassier / Couture : Lydie Lalaux / Vidéo : Thomas Chrétien, Simon Denis et Jérémie Le Louët / Lumière : Thomas Chrétien / Son : Simon Denis / Régie : Thomas Chrétien, Simon Denis et Xavier Hulot
Production : Compagnie des Dramaticules. Coproduction : Châteaux de la Drôme, Théâtre de Châtillon, Théâtre de la Madeleine / Scène conventionnée de Troyes, Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, Centre culturel des Portes de l’Essonne, Théâtre Chevilly-Larue André Malraux. Avec le soutien du Conseil régional d’Île-de-France, du Conseil départemental du Val de Marne, du Conseil départemental de l’Essonne, d’Arcadi Île-de-France et du Centre d’art et de culture de Meudon
Durée: 2h07.Théâtre 13 Seine
du 8 septembre au 9 octobre 2016
du mardi au samedi à 20h,dimanche à 16h,
relâche le lundi
14 octobre au Théâtre Jean Vilar de Vitry–‐sur–‐Seine
d 3 au 5 novembre au Théâtre de Châtillon
8 novembre au Théâtre Roger Barat à Herblay
18 novembre au Théâtre André Malraux de Chevilly–‐Larue
24 novembre au Centre d’art et de la culture deMeudon
29 et 30 novembre au Théâtred’Auxerre
10 décembre au Centre culturel des Portes del’Essonne
13 et 14 décembre au Théâtre de la Madeleine, scène conventionnée de Troyes
28 avril 2017 au Théâtre Jean Vilar de Suresnes
3 mai au Théâtre de Cachan
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