Le spectacle a été créé à l’Odéon, et vous êtes au Festival d’Avignon pour une représentation unique.
Avec Etienne, c’est la 12ème représentation, après Montréal, Lyon, Montpellier…Et nous voilà dans la Cour.
Comment les mots de Jean Genet vous résonner dans la Cour ?
Je suis sure que c’est un lieu parfait et je m’empêcher de penser avec beaucoup de tendresse, d’affection et de reconnaissance à Jean Vilar. J’étais là en 47. C’était vide. Cela s’appelait La semaine d’Avignon et il n’y avait pas sous, on a débuté avec La Terrasse de Midi avec Michel Bouquet et Richard III – je jouais une suivante, il y avait Monique Chaumette. En 1951 Jean Vilar a envoyé Gérard Philipe pour me débaucher de la Comédie-Française où je n’avais pas envie de rester puisqu’ils venaient de me proposer d’être sociétaire et après mes quatre ans, j’en prenais pour quarante ans…J’ai fui. J’ai une un procès car j’ai essayé de passer au travers en distribuant mes rôles à mes copines grâce à des certificats médicaux. Et c’est Robert Badinter qui m’a sorti de cette affaire. Et de voir maintenant ces rues d’Avignon pleine de jeunesse, cet essor, il y a le meilleur et le pire, mais c’est beau. C’est un éclatement. Et quand je pense à la façon terroriste et malhonnête avec laquelle il a été traité en 1968, je suis triste. Mais enfin aujourd’hui nous pouvons rendre hommage à un grand poète. C’est la seule poésie qu’il ait écrite. C’est fait pour cela, pour la Cour du Palais. Bon j’ai le tract c’est normal. On veut aller au plus près de la beauté, par fidélité, par goût, pour faire un beau cadeau aux spectateurs.
Vous avez le trac par rapport au lieu ou par rapport au texte ?
Ce n’est pas la peur, j’ai une fièvre intérieure. Je n’ai pas peur de ne pas être bien ou de ne pas être à la hauteur. J’ai cette fièvre intérieure. En plus Etienne Daho n’a pas l’habitude, ce n’est pas son monde, dit-il, alors qu’il est un auteur compositeur exceptionnel. Et il y a une vraie parenté entre nous et l’équipe de musiciens et de techniciens tous dévoués au Condamné au Mort…
Jean Genet arrive avec des mots très crus à écrire de la poésie.
Mais tout d’un coup ces mots prennent une valeur magistrale, presque tellurique. Il vaut mieux dire cela que quéquette ou zizi, les roubignoles. Il vaut mieux dire couilles ! Il a écrit en Alexandrins. Et la musique d’Hélène Martin, n’en parlons pas….
Aviez-vous parlé de ce texte lorsque vous étiez proche de Jean Genet ?
Il ne m’en m’a jamais parlé. Il était dangereux et séduisant. Plus il s’attachait à vous plus il pouvait vous rejeter et je tenais beaucoup à dire ce texte dans la Cour.
Vous venez souvent ces dernières années au Festival…
Je suis très honorée. C’est un plaisir. Il y a deux ans j’étais avec Amos Gitai à Boulbon, deux auparavant avec Sami Frey pour Quartett. Et j’ai demandé à Vincent Baudriller et Hortense Archambault de venir. Et très gentiment ils ont accepté.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON
Concert « Le condamné à mort » par Jeanne Moreau & Étienne Daho
Le 18 juillet 2011 à 22h dans la Cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon
mis en musique par Hélène Martin, arrangements Étienne Daho
interprété par Jeanne Moreau et Étienne Daho / batterie Philippe Entressangle /
basse Marcello Giuliani / guitares Mako et François Poggio / violoncelle Dominique Pinto. En partenariat avec Naïve.
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