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L’Orestie de jeunesse de Jean-Pierre Vincent

A voir, Festival d'Avignon, Les critiques, Strasbourg, Théâtre

Photo Christophe Raynaud de Lage

Pour guider les jeunes comédiens du Groupe 44 de l’Ecole du TNS dans la pièce-monde d’Eschyle, le vieux lion aux quatre Cour d’honneur a tout misé sur le théâtre, et rien que sur le théâtre. Un spectacle gorgé d’expérience, d’envie et de subtilité.

Pour Jean-Pierre Vincent, enseigner, transmettre, former est une seconde peau. Depuis les années 1970, le metteur en scène va au contact des jeunes générations pour les aider à éclore et maîtriser un art théâtral qu’il connaît sur le bout des doigts. Avec les élèves du Groupe 44 de l’Ecole du Théâtre national de Strasbourg, ce compagnon de route de Patrice Chéreau a travaillé pendant trois ans. Dans leur ligne de mire ? Rien de moins que L’Orestie. Une pièce-monde, et fleuve, que Vincent abordait en vieux baroudeur. Familier des Sept contre Thèbes – montée au Teatro Greco de Syracuse – et des Suppliantes – créée avec trente acteurs amateurs au Théâtre du Gymnase de Marseille – il avait déjà mis en scène, voilà deux ans, avec l’Ecole régionale d’acteurs de Cannes et de Marseille, cette trilogie d’Eschyle.

Pour s’y aventurer, le metteur en scène aux quatre Cour d’honneur s’est, cette fois, inspiré du Voyage des comédiens de Theo Angelopoulos. Dans ce film grec, tourné pendant les derniers mois de la dictature des colonels, une troupe d’acteurs va de village en village pour interpréter un Agamemnon – la première pièce de L’Orestie – pastoral. Au gré de leur périple dans une Grèce plongée dans le brouillard, les personnages, bergers de leur état, jouent dans un dénuement assumé, avec une toile peinte pour seul décor. L’ambiance est loin, très loin, de celles instaurées par Ivo van Hove et George Lavaudant qui, ces derniers mois, à la Comédie-Française et aux Nuits de Fourvière, se sont eux aussi frottés à la malédiction des Atrides, pour montrer la férocité de cette vengeance familiale où, sous l’influence des dieux, Oreste décide de tuer sa mère, Clytemnestre, afin de réparer le meurtre de son père, Agamemnon, assassiné à son retour de Troie.

Armé de légères références à la culture grecque – quelques airs de musique et pas de danse caractéristiques, des chaises en bois repeintes en bleu – et d’une scénographie austère, où une estrade en faux béton, porteuse de la porte du palais d’Argos, surmonte des tables en bois, Jean-Pierre Vincent a tout misé sur le théâtre, et rien que sur le théâtre. Convaincu de la puissance intrinsèque des pièces d’Eschyle, il n’a utilisé aucun artifice pour tenter de les sublimer et n’a fait confiance qu’à la force des mots, du jeu et d’une petite pointe d’humour.

Ce pari osé, aidés par la traduction que Bernard Chartreux, fidèle parmi les fidèles du metteur en scène, a réalisé de la version élaborée en son temps par Peter Stein, les jeunes comédiens, et plus particulièrement comédiennes, se sortent avec un certain talent. Dans toute leur diversité – l’une des marques de fabrique de l’Ecole du TNS – ils réussissent à donner de l’élan à la pièce d’Eschyle qui, lestée par ses quelques longueurs, ne se laisse pourtant pas facilement dompter. Décalée, frôlant parfois la naïveté, la direction d’acteurs des deux premières pièces se réfugie dans une sobriété qui, aussi élégante soit-elle, tranche avec cette histoire pleine de vengeance et de sang, dont on aurait parfois aimé admirer une facette plus intense et plus sombre.

Pour autant, le puzzle mis en place par Vincent se reconstitue quand vient l’heure des Euménides, la troisième et dernière pièce de L’Orestie. Alors que le texte, consacré au procès d’Oreste, devient plus didactique, il décide de muscler sa mise en scène pour venir en aide à ses jeunes comédiens qui ne cessent d’alterner les rôles. Les lumières se font alors plus vives, l’atmosphère nettement moins grise, et tous prennent un plaisir, réel et visible, à redonner un peu de couleurs à la langue d’Eschyle. En Apollon et Athéna, Romain Gillot et Océane Caïraty y sont plus divins que les dieux eux-mêmes, et toute la troupe emporte la mise. Prouvant que Jean-Pierre Vincent manie, avec l’élégance et la ruse des vieux lions, l’art de la subtilité.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

L’Orestie
Texte Eschyle dans la version élaborée par Peter Stein
Traduction de l’allemand Bernard Chartreux
Mise en scène Jean-Pierre Vincent
Avec le Groupe 44 de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg : Daphné Biiga Nwanak, Océane Cairaty, Houédo Dieu-Donné Parfait Dossa, Paul Fougère, Romain Gillot, Romain Gneouchev, Elphège Kongombé Yamalé, Ysanis Padonou, Mélody Pini, Ferdinand Régent-Chappey Yanis Skouta, Claire Toubin
Dramaturgie Bernard Chartreux, Hugo Soubise-Tabakov
Scénographie, assistanat à la mise en scène Estelle Deniaud
Costumes Margot Di Méo
Lumière Vincent Dupuy
Son Lisa Petit de la Rhodière
Vidéo Enzo Patruno Oster
Collaboration avec Edith Biscaro, Simon Drouart, Germain Fourvel

Production Théâtre national de Strasbourg
Coproduction Compagnie Studio Libre

Durée : 4h55, entractes compris
1ère partie : 1h45 ; 2e partie : 1h15 ; 3e partie : 1h10

Festival d’Avignon 2019
Gymnase du lycée Saint-Joseph
12, 14, 15, 16 juillet à 14h

13 juillet 2019/par Vincent Bouquet
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2 réponses
  1. Grebot
    Grebot dit :
    17 juillet 2019 à 8 h 31 min

    Savez vous si cette pièce tourne en Ile de France ? Pour les spectateurs n’ayant pas réussi à acheter des places pour avignon. «merci

    Répondre
    • Vincent Bouquet
      Vincent Bouquet dit :
      17 juillet 2019 à 9 h 45 min

      Malheureusement, aucune tournée n’est prévue pour le moment, mais les choses évolueront, peut-être, dans les prochaines semaines.

      Répondre

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