Deux individus. Très proches. Une intonation malheureuse. Et tout bascule.
Chacun sort de sa « case » pour dénoncer celle de l’autre, celle dont on est exclu définitivement.
Par des prises de pouvoir successives, dans une alternative amour/haine effrénée et irrépressible, le grand déballage commence. La grande déconstruction.
Le texte de Nathalie Sarraute fait office de bistouri salvateur. C’est la difficulté du rapport à l’autre qui est ici disséquée, quelque soit l’autre. Ce qui se joue entre ces deux amis pourrait tout aussi bien se jouer entre parent et enfant, entre frère et sœur, entre époux…
Le respect de cette partition théâtrale a constitué la base première de mon travail, comme pour chacune de mes mises en scène. C’est pour nous, par un travail épuré et une quête de l’essentiel où le jeu de l’acteur reste central, la seule façon d’espérer servir au mieux celle qui ouvrit la voie au mouvement du Nouveau Roman.
Introduire le trombone sur le plateau, clin d’œil musical, c’est mettre le spectateur dans les meilleures conditions pour découvrir avec nous ce qui se passe, comme dit si bien l’auteur, « sous la carapace de l’apparence rassurante ». De plus, tout comme l’accent irlandais de Paddy, il fait écho à la beauté de ce dialogue passionné, à la dimension universelle de cette œuvre majeure du répertoire français contemporain.
Très vite, s’est imposée l’idée d’un « lego » géant, ring délirant où se joue ce combat sans merci. Les personnages s’y ébattent, le transforment, le déconstruisent, tels deux garnements se disputant le même bac à sable. La neutralité des volumes le constituant permet à chacun d’y projeter ses propres visions. L’imaginaire du spectateur peut alors s’exprimer en toute liberté.
Ces volumes me donnaient notamment la possibilité d’exploiter les trois dimensions. J’ai pu jouer avec délice sur les différences de niveaux, les deux personnages prenant physiquement l’ascendant l’un sur l’autre à tour de rôle, embarqués dans .un manège infernal. Et comme par magie, au fil des répétitions, les cubes se sont faits tour à tour refuge, souricière, montagne. . .
Le choix des costumes, neutres et identiques (pantalon et tee-shirt noirs), renforce l’aspect interchangeable de leurs ressentiments. Note d’intention de Jean-Marie Russo
Pour un oui ou pour un non
Mise en scène : Jean-Marie Russo
Scénographie : Catherine Nadal
Création lumière : Alexandre Boghossian
avec : Jean-Marie Russo (H1) et Paddy Sherlock (H2)
Production Plakka Théâtre, avec le soutien du Centre d’art et de culture de Meudon et de la Ville de Meudon
Création au Guichet Montparnasse, à Paris, en mars/mai 2009 et reprise au Centre d’art et de culture de Meudon en janvier 2010, puis au festival d’Avignon Off 2012 (Espace Roseau)
Durée du spectacle : 1h10
Festival d’Avignon Off 2013
ESPACE ROSEAU
Du 08 au 31 Juillet 2013 à 16h30
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