L’auteur va prendre la direction du CDN des Treize Vents à Montpellier en 2010 sur fond de polémiques.La nomination de Jean-Marie Besset – auteur, adaptateur, metteur en scène essentiellement dans le théâtre privé – à la tête du Centre Dramatique National des Treize Vents à Montpellier suscite la polémique depuis un mois.
Dans cette affaire plusieurs éléments viennent se télescoper : la politique de nomination des directeurs de structures du public, la personnalité de Besset, celle de Gilbert Desvaux – son ami fidèle qui l’accompagne à Montpellier, la fracture public/privé, le tout sur un fond de morosité des acteurs de la culture.
Le scandale le plus apparent réside dans la procédure de recrutement de Jean-Marie Besset. Elle n’a pas respecté l’usage : l’appel à candidature. Jean-Marie Besset a été désigné par le Ministère de la Culture. Un fait du Prince. D’autres hommes ou femmes de théâtre avaient la légitimité pour diriger le CDN de Montpellier. L’absence de confrontation des projets est une atteinte au débat d’idées. Pour la petite histoire, Jean-Marie Besset avait lui même candidaté à un poste de direction dans le théâtre public, c’était en 2006 lors de la procédure de nomination (respectée) à la tête du Théâtre National de Toulouse, dirigé aujourd’hui par Laurent Pelly[4]. Et il est de tradition que le directeur d’un CDN soit un metteur en scène, d’où le courroux de la profession.
Jean-Marie Besset est un auteur à succès, il fait les beaux jours du théâtre privé. Mais son premier texte « Villa Luco » a été monté au Théâtre National de Strasbourg en 1989[5]. Souvent nommé aux Molières, prix du nouveau talent de la SACD en 1993, il fait partie depuis 2002 du comité de lecture du Théâtre du Rond Point, théâtre qui l’a accueilli l’année dernière pour « Perthus » – pièce autour de l’homosexualité dans la France des années 50, dans une mise en scène de Gilbert Desvaux. Ses pièces ne sont pas toujours de qualité égale, certaines sont même anecdotiques et s’oublient très vite (comme Baron créé en 2002 sur ce comédien très proche de Molière). Et même ses succès ne sont pas exempts de critiques. Certains passage de « Perthus » mettent mal à l’aise, notamment lorsque les personnages abordent homosexualité et nazisme.
En tout cas, Jean-Marie Besset a choisi de naviguer entre public et privé. Et manifestement cela dérange.
Mais le plus dérangeant, c’est qu’à Montpellier, Besset vient avec son fidèle ami, Gilbert Desvaux – le metteur en scène de beaucoup de ses textes. Gilbert Desvaux n’est pas seulement metteur en scène de théâtre. Il est aussi patron d’une société de spectacles, dont certains clients sont peu recommandables, comme Kadhafi. Ce qu’il justifie : « Comme beaucoup d’autres artistes, j’alterne avec des activités commerciales qui n’ont rien de déshonorant. Ma société GDP a participé en tant que prestataire – le recrutement de 200 danseurs – à la cérémonie de Tripoli »[6]. Mais lorsqu’on aspire à codiriger l’un des CDN les plus prestigieux de France, cela fait désordre. Et rien ne dit aujourd’hui que Gilbert Desvaux qui va intégrer le service public lâche sa société commerciale, dont les activités touchent aussi à l’industrie du luxe.
Il est donc déplorable pour l’intérêt du théâtre et du spectacle vivant que l’on ne puisse pas aujourd’hui débattre des qualités de Jean-Marie Besset à diriger un CDN. Son arrivée à la tête du CDN de Montpellier est parasitée par sa procédure de désignation, et par les doutes qui planent sur la volonté de son ami à continuer ses activités commerciales.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La page web du Collectif contestant sa nomination (textes et liens presse), où l’on apprend de belles et où l’on peut signer la pétition: http://www.evidenz.fr/wiki/tiki-index.php?page=CDN13vents.