Je me suis attaché avant tout à mettre en relief la fable, axée, d’une scène à l’autre, sur une montée du suspense et une révélation progressive de la vérité — aveuglante : lorsqu’il apprend, avec effroi, qu’il est, malgré lui, coupable de meurtre, d’abord, puis de parricide et d’inceste, OEdipe choisit de se crever les yeux avec l’épée qui a tué son père, tandis que Jocaste, son épouse et sa mère, se poignarde… Nous sommes à mille lieues, ici, du code de bienséance dont, plus tard, récusant l’héritage de Shakespeare et Corneille, Voltaire se réclamera. Nous avons choisi de ne pas nous focaliser sur la lecture psychanalytique, suffisamment évidente aujourd’hui, pour retrouver la fraîcheur, la naïveté, mais aussi la crudité, du mythe originel. Dans la révolte d’OEdipe contre les dieux, nous retrouvons celle de Job, de Caïn ou de Prométhée, mais peut-être aussi, tout simplement, une métaphore de l’humaine condition. Enfin, tout en respectant le langage de l’alexandrin, dont aucun pied ne sera tronçonné (il marchera, dansera et bondira sur ses douze pattes aux ressources merveilleuses), nous avons voulu l’apprivoiser, le parler, l’assimiler pour lui redonner vie dans le chant de nos muscles, de nos nerfs et de nos artères — afin qu’il acquière l’évidence d’un langage poétique contemporain..Extrait de la note d’intention de Jean-Claude Seguin d’après dossier de presse.
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