En 2011, année de commémoration du bicentenaire de la naissance de Théophile Gautier (1811-2011), j’ai découvert un petit fascicule de 1847 : Regardez mais ne touchez pas ! comédie de cape et d’épée en 3 journées par MM. Théophile Gautier et Bernard Lopez.
Je savais que l’auteur du Capitaine Fracasse était fasciné par la truculence haute en couleur de l’époque, par la parodie et le pastiche. Dans ce roman célébrissime, on découvre l’omniprésence du théâtre, ce qui explique les très nombreuses adaptations tant théâtrales que cinématographiques de l’œuvre, d’Abel Gance à Ettore Scola.
J’ai proposé à l’équipe de jeunes acteurs de la Compagnie Abraxas de faire une série de lectures publiques de cette courte pièce inconnue, ni re-publiée ni re-jouée depuis sa création, et très vite nous avons été séduits par le ton, la grâce, l’ironie, l’insolence de ce petit joyau. Le public aussi.
Outre le rôle capital que Gautier et les jeunes romantiques ont joué lors de la bataille d’Hernani (le fameux gilet rouge), j’ai découvert la fonction essentielle de cette “nouvelle vague” (Nerval, Petrus Borel) et le combat acharné qu’ils avaient mené contre le théâtre bourgeois (Scribe, A. Dumas fils) qui triomphait à l’époque du Second Empire.
C’est cette distance, ce goût du voyage dans le temps et l’espace (Gautier vient d’assister au mariage des Princes d’Espagne), ce goût du pastiche (Regardez mais ne touchez pas ! fait référence au Ruy Blas d’Hugo) qui nous permet d’aborder le texte dans le même esprit de liberté, d’indépendance vis-à-vis des Romantiques.
L’Espagne et son folklore sont évoqués ici par la musique et des éléments de costumes, qui conservent une immédiateté de référence pour le public et la poésie des jeux de l’enfance.
Les personnages sont représentatifs de ceux de la Commedia dell’Arte : l’Amoureux, le Matamore, le Pédant, l’Amoureuse, la Suivante délurée et la Reine à laquelle, selon l’étiquette, il ne faut pas toucher – même pour la sauver d’une chute de cheval – sous peine de mort. Auxquels s’ajoute Désiré Reniflard, alter-ego inventé par Gautier pour raconter son voyage en Espagne, ajouté ici comme un véritable chef de troupe (régisseur, souffleur, accessoiriste, figurant, Alguazil…)
Le jeu physique de la commedia fait évidemment partie de la chorégraphie du spectacle. Note d’intention de Jean-Claude Penchenat
REGARDEZ MAIS NE TOUCHEZ PAS !
de Théophile Gautier
Mise en scène : Jean-Claude PENCHENAT
Assisté de Maria Antonia PINGITORE
Décor : Jean-Baptiste RONY
Costumes : Théâtre de l’Epée de bois – Fanny MARTEAU
Lumières : Maria Antonia PINGITORE
Conception graphique : Flore GANDIOL
Photographies : Laurent EMMANUEL, Carlotta ORIGONI, Philippe SARRAZIN
Avec :
Alexis PERRET (Don Gaspar)
Damien ROUSSINEAU (Don Melchior)
Paul MARCHADIER (Désiré Reniflard)
Samuel BONNAFIL (Le Comte)
Chloé DONN ou Jeanne GOGNY (La Reine d’Espagne)
Flore GANDIOL (Dona Beatrix)
Sarah BENSOUSSAN ou Judith MARGOLIN (Griselda)
Durée du spectacle : 1h25
Du 3 octobre au 18 novembre 2011
Représentations du mardi au samedi à 21h30, dimanche à 15h
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