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Macaigne est un pays où règnent show et chaos

À la une, Coup de coeur, Les critiques, Paris, Théâtre

Je suis un pays © Mathilda Olmi

Dans un grand geste fou et explosif caractéristique de toute son œuvre théâtrale, Vincent Macaigne tire le portrait peu flatteur d’une Europe déconfite dont l’organisation politique s’assimile à un vulgaire jeu de télé-réalité. Créé à Vidy-Lausanne et présenté à Rennes avant le théâtre de Nanterre-Amandiers, Je suis un pays est une fable foisonnante et déstructurante.

Elle est une femme entre deux âges, matriarche ménopausée sans séduction frappante en tenue léopard et blouse de travail, notre bonne mère Europe se présente exténuée et entend tout laisser tomber. Eddy et Marie, ses enfants crétins déguisés comme pour Mardi Gras, sont dignes des plus horribles figures mythologiques. Ils n’ont jamais aimé leur salaud de père qui les a abandonnés. Celui-ci apparaît sous les traits d’un roi shakespearien aux idées libertaires qui fait son come back au royaume dévasté. Sur eux, repose l’ambition d’un éventuel renouveau mais le conflit et l’outrage à l’espoir demeurent. Sans repère, le peuple se dévore et ses élites se déchirent à l’occasion d’une élection présidentielle où les futurs représentants autoproclamés du pouvoir sont sélectionnés à la manière d’une émission télé, entre deux pages de pub et lambada collective. Ainsi la politique spectacle, le pouvoir de séduction factice et autoritariste du divertissement audiovisuel et de la consommation à outrance sont fortement vilipendés tout comme la mondialisation, le système libéral, le déséquilibre de l’économie, le dérèglement de la finance, en une virulente diatribe contre le capitalisme et l’instrumentalisation de l’art.

A partir d’un texte de jeunesse qui témoigne d’un tourment profond et agité de son signataire, le metteur en scène Vincent Macaigne déploie un théâtre bruyant, mordant et foisonnant, un formidable tapage chaotique comme il sait si bien le faire. Les plus familiers de son travail trouveront certes de nombreuses redites mais le spectacle monstre étonne et épate encore dans sa forme gigantesque, dans l’importante utilisation de la vidéo en direct – c’est la première fois chez Macaigne -, dans sa maîtrise totale de la confusion et de la cacophonie, dans la souillure et l’ivresse qu’il propose.

La scène est un flot de toujours-même mais sans aucune limitation. Elle est à l’image d’un monde déliquescent, d’une société en proie à la barbarie et qui touche irrémédiablement à sa fin. Hurlements et musique à fond les décibels, force bouffée de mousse et de fumigènes, hectolitres d’hémoglobine, eau sale, boue, peinture, sueur… les langages scéniques prolifèrent et les acteurs font preuve d’une incroyable énergie rageuse. Infatigable, le théâtre aux multiples ressources de Vincent Macaigne s’agite, s’épuise, avec toujours plus de force et de vie que la vie elle-même jusqu’à toucher le fond, le vide, la perte. Euphorique et paroxystique, la pièce oscille en permanence entre violence bombardée et grande fête débridée

La pensée parfois se perd mais maintient une arrogance nihiliste qui n’en paraît pas moins lucide et contestataire. « Le monde est à nous », « l’avenir sera à nous », clame- t- on sur scène tandis qu’une armée d’hommes futuristes débarque dans l’agora malgré tout sauvegardée. La furieuse dévoration de Macaigne ébranle et lessive inévitablement le spectateur. Je suis un pays est un vibrant hommage à l’insurrection adolescente qui ne s’éteint pas, une osculation sans concession de la décadence et de l’obsolescence de nos modèles de société ravagées, désemparées. C’est une fable d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi et surtout pour l’avenir, une invitation à entrevoir la grandeur de ce qui pourrait être plutôt que la médiocrité complaisante de ce qui est, et se sentir vivant et aimant.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Vincent Macaigne
Je suis un pays
Comédie burlesque et tragique de notre jeunesse passée
Écriture, mise en scène, conception visuelle et scénographique, Vincent Macaigne
Avec Sharif Andoura, Thomas Blanchard, Candice Bouchet, Thibaut Evrard, Pauline Lorillard, Blandine Madec, Rodolphe Poulain, Hedi Zada
Scénographie, Julien Peissel
Lumières, Jean Huleu
Accessoires, Lucie Basclet
Assistant mise en scène, Salou Sadras
Administration Compagnie Friche 22.66, Altermachine, Camille Hakim-Hashemi, Elisabeth Le Coënt
Production Compagnie Friche 22.66 ; Théâtre de Vidy, Lausanne // Coproduction Théâtre National de Bretagne – Centre Européen Théâtral et Chorégraphique (Rennes) ; La Colline – théâtre national (Paris) ; Grand Théâtre du Luxembourg ; Théâtre National de Strasbourg ; Holland Festival (Amsterdam) ; La Filature, Scène nationale (Mulhouse) ; Tandem scène nationale (Arras-Douai) ; Théâtre de l’Archipel, scène nationale de Perpignan ; CDN Orléans/Loiret/Centre ; Bonlieu Scène nationale (Annecy) ; La Bâtie – Festival de Genève dans le cadre du soutien FEDER du programme Interreg France-Suisse 2014-2020 ; Nanterre-Amandiers, centre dramatique national ; Festival d’Automne à Paris // Coréalisation Nanterre-Amandiers, centre dramatique national ; Festival d’Automne à Paris // Avec le participation artistique du Jeune théâtre national // Avec le soutien en tournée de Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture // Avec le soutien de l’Adami // Remerciements Théâtre de la Ville, Paris ; Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées ; Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines
Spectacle créé le 14 septembre 2017 au Théâtre de Vidy, Lausanne
Spectacle présenté en partenariat avec France Inter

Durée : 3h30 (avec entracte)

La Colline
du 31 mai au 14 juin 2018
du mardi au samedi à 19h30 et le dimanche à 15h

31 mai 2018/par Christophe Candoni
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