La maman et la putain, le film de Jean Eustache dure 3h40. L’adaptation théâtrale de Dorian Rossel est concentrée en 1h30 et fait ressortir la beauté des dialogues enflammés de ce trio amoureux qui a fait scandale dans la France des années 70. Un spectacle magnifique créé en 2007, présenté dans le Off à Avignon en 2014 et qui tourne actuellement.
Un tourne disque diffuse des chansons de Charles Trenet au pied d’un praticable surélevé. Dorian Rossel est parti du scénario de Jean Eustache. Au début du spectacle les didascalies se mêlent aux dialogues. Le jeu des trois comédiens David Gobet, Dominique Gubser et Anne Steffens est volontairement distancié. David Gobet incarne le rôle de Jean-Pierre Léaud, Alexandre: Dominique Gubser celui de Bernadette Lafont, Marie; Anne Steffens celui de Françoise Lebrun, Veronika. Le film de Jean Eustache est culte. Grand Prix du Festival de Canne 73, il est rare (il n’existe aucun DVD dans le commerce en raison d’un désaccord entre les ayants droit et les différents éditeurs). Beaucoup de spectateurs découvrent les dialogues à travers le spectacle de Dorian Rossel.
Alexandre est un jeune homme désenchanté qui parcourt les cafés du Quartier Latin. Il vit aux crochets de Marie, plus âgée que lui et rencontre Véronika, jeune infirmière de sa génération. Leur rapport platonique va évoluer vers un trio amoureux. Les trois amants vont partager le même lit. C’est le portrait de la jeunesse post 68. C’est le portrait de la France du début des années 70. Une époque où le rapport au temps était différent, sans téléphone cellulaire. Le vieux téléphone à cadran avec son écouteur est l’un des accessoires importants de la pièce, tout comme ce tourne disque qui diffuse Les mots bleus de Christophe ou Paris je t’aime d’amour de Maurice Chevalier.
Ce spectacle au goût vintage est rempli de nostalgie. Les personnages se vouvoient et dans leur façon » vieille France » de se faire la cour, il y a beaucoup de tendresse et de romantisme. La mise en scène de Dorian Rossel est minutieuse. Le jeu distancié des trois comédiens presque sans émotion fait ressortir la beauté du phrasé littéraire et des dialogues lyriques magnifiquement charpentés qui soulignent en permanence la désillusion des personnages, mais aussi leur impertinence. Un spectacle bouleversant sur l’art de s’aimer et de se détester.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir
Auteur Jean EUSTACHE (du film « La maman et la putain »)
Mise en scène Dorian ROSSEL
Avec David GOBET, Anne STEFFENS, Dominique GUBSER
Conception Lumières Dorian ROSSEL
Collaboration artistique Delphine LANZA et Sandrine TINDILIERE
Dramaturge Carine CORAJOUD
Production Cie STT
Soutiens Arsenic Lausanne, La Bâtie Festival de Genève, Lieu Unique Nantes, SN Bonlieu Annecy, Pour Cent Culturel Migros, Corodis et Pro Helvetia
La Cie STT est conventionnée avec le DIP de l’Etat de Genève, les Villes de Genève et de Lausanne // Associée au Théâtre Forum Meyrin en Suisse
Durée 1h30TOURNÉE 2015
La Ferme du Buisson, Marne-La-Vallée 28 – 29.11.15
Théâtre Jean Lurçat, Scène Nationale d’Aubusson 08.12.15
le Théâtre des Muses, Monaco 10 – 12.12.15
La Comédie de Saint-Etienne, CDN 14 – 17.12.15TOURNÉE 2016
Théâtre du Rond-Point, Paris 05 – 31.01.16
DSN, Dieppe Scène Nationale 02.02.16
L’ARC, Scène Nationale Le Creusot 04.02.16
Théâtre Edwige Feuillère, Vesoul 11.02.16
ABC, La Chaux de Fonds 19 – 21.02.16
Théâtre du Pommier, Neuchâtel 23 – 24.02.16
Théâtre de Poche, Spectacles français, Bienne 25 – 27.02.16
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !