J’aurais pu rester là et attendre ton châtiment est né d’une volonté de réduire Roméo et Juliette de Shakespeare à cinq personnages, comme l’expression de la fin d’un monde manichéen, nihiliste et ultra-violent déjà fissuré. Des fissures qui provoquent chez certains personnages de soudaines aspirations personnelles. Un coup de foudre et l’équilibre d’un monde déjà condamné finit de s’effondrer…
Cette question du politique est centrale dans notre adaptation. Il est même plus question de liberté que d’amour. La question religieuse(le personnage de frère Laurent)a également été écartée. Nous souhaitions nous concentrer sur un enjeu essentiel à nos yeux : la quête de liberté de chaque personnage. De notre imaginaire est né ce monde étrange, où les hommes se sont rapprochés de leur nature bestiale, où les codes sociaux ne sont plus clairement définissables. Les noms sont brefs, comme des gargarismes, le langage primaire, avec des mots vestiges d’une civilisation passée. Bien sûr : l’intrigue est la même. Deux camps. Les Mont et les Cap. Deux familles qui se haïssent. Deux enfants qui doivent pourtant assurer la relève et la pérennité de leur famille vont se croiser en pleine nuit, s’aimer et mettre en péril le fragile équilibre social. Par le biais de sentiments qu’ils ressentent pour la première fois, les personnages vont avoir l’audace de rompre avec leur pères jusqu’à éprouver pleinement leur liberté. Leurs actes sont guidés par une motivation a priori folle : l’espoir d’une autre vie, d’une liberté nouvelle représentée par l’autre, espoir qu’ils n’auraient pu ne serait-ce qu’imaginer avant leur rencontre. Cette rencontre nocturne va leur ouvrir le champ des possibles. Ils ne s’apparentent par pour autant à des révolutionnaires : ils ne cherchent pas à changer les autres, mais prennent simplement conscience de leur capacité à ne pas suivre l’ordre chaotique et violent établi. Ils ne sont pas non plus passifs : ils ont désobéit et fauté, font le choix transgressif de ne pas réparer leur erreurs et l’assument. Tout en n’oubliant jamais leur nom, leur camp. Pulsion violente et suicidaire qui les conduit à se rebeller contre cette société sclérosée et immuable, contre cette malédiction millénaire. La pièce de Shakespeare intégrée dans notre adaptation est l’ultime métaphore de leur changement. La tragique histoire de Roméo et Juliette, les mots de Shakespeare sortent de la bouche des personnages malgré eux, comme si toute leur histoire était déjà écrite. Seulement ces mots n’auront pas raison d’eux. Ils vont également se libérer de Shakespeare ! De leur destin, pour être libre de leur parole, de leur pensée, de leurs mouvements et retrouver peut-être une innocence perdue.
Il est des instants où l’on sent que l’on n’est pas seul à vouloir écrire un avenir… Note d’intention de Hélène Lauria
J’aurais pu rester là et attendre ton châtiment
Librement inspiré de Roméo et Juliette de William Shakespeare
Adaptation de Timothée Lerolle et Hélène Lauria
Ju- Cécile de Courseulles
Rom- Timothée Lerolle
Ben- Juliette Léger
Merk- Fitzgerald Berthon
Le Cap- YorickAdjal
Mise en scène- Hélène Lauria
Maquillage- Alice Faure
Costumes- Cécile Fargues
Musique- Nine Inch Nails (Ghosts I-IV)
Conseiller pour la chorégraphie des combats – Etienne Souillot
Photographie – Dominika Troicka
Les 11, 12, 13, 14, 15 et 18, 19, 20, 21, 22 décembre à 21h, et le 23 décembre à 16h
au Bouffon Théâtre, 28 rue de Meaux, Paris 19ème.
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