Jacques Weber – l’un des derniers grands monstres sacrés du théâtre – joue actuellement La Dernière Bande dans une mise en scène éblouissante de Peter Stein. La dernière production de Frédéric Franck à la tête du Théâtre de l’œuvre avant de céder la place à Benoît Lavigne et François-Xavier Demaison.
Courbé sur son vieux magnétophone à bandes, Krapp se réécoute. Jacques Weber, les cheveux ébouriffés (la perruque de Cécile Kretschmar est incroyable) et affublé d’un gros nez rouge d’ivrogne campe ce vieux clown solitaire. Il râle, il toussote comme un vieil ours. Il empoigne son trousseau de clefs et ouvre nerveusement les tiroirs de son bureau pour en sortir une banane, dont il jette malicieusement la peau dans le public !
Tout est millimétré et précis dans la mise en scène éclairée de Peter Stein qui donne toutes les clefs de compréhension pour saisir la pièce de Beckett. La dernière bande n’est pas un texte facile à monter car pendant une heure Krapp écoute ses souvenirs enregistrés sur une bande magnétique. Ici on saisit tout le sens de cette plongée dans l’intimité de cet homme vieillissant confronté à sa voix intérieure, celle de sa jeunesse.
Cette version est un pur moment de bonheur. On se délecte du regard et des attitudes de Jacques Weber. Il fait de Krapp un personnage touchant et rempli d’humanité. Sa voix de jeune homme le terrorise. Il s’étonne des mots qu’il a prononcés trente ans plus tôt. Jacques Weber trouve ici l’un de ses plus beaux rôles et livre un numéro d’acteur époustouflant.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La dernière bande de Samuel Beckett
mise en scène Peter Stein
avec Jacques Weber
assistante à la mise en scène Nikolitsa Angelakopoulou
décor Ferdinand Wögerbauer
costumes Annamaria Heinreich
maquillage et perruque Cécile Kretschmar
Production Théâtre de l’Oeuvre et Laura Pels
Durée: 1hThéâtre de l’Oeuvre
À partir du 19 avril 2016
> 21h du mardi au samedi
> le samedi à 18h
> le dimanche à 15h
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