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Business in Venice, Shakespeare au supermarché

À la une, A voir, Bourges, Dijon, Les critiques, Malakoff, Reims, Saint-Etienne, Théâtre, Tours

photo Christophe Raynaud de Lage

Créé au Théâtre Olympia qu’il dirige à Tours, Jacques Vincey monte une adaptation débridée du Marchand de Venise qui brocarde avec malice et ironie le monde du tout-consommable.

Au tournant de notre siècle, on comptait nombre de mises en scène du Marchand de Venise parmi lesquelles se sont distinguées les versions de Cécile Garcia-Vogel, Stéphane Braunschweig, Andrei Serban ou Luca Ronconi. Et puis, les artistes semblent s’être détournés de la pièce réputée la plus problématique de Shakespeare en raison des thématiques développées. Elle est surtout la pièce la plus amère du dramaturge. D’une incroyable violence dans le propos. Une violence qui ne tient pas seulement au caractère antisémite de certaines répliques décomplexées mais du miroir tendu à une société pourrie par la perte des valeurs, où tout se marchande, même les rapports humains. C’est sur cet axe que débute la représentation avec un prologue drôlement bien envoyé par l’acteur Pierre-François Doireau entre les gondoles d’un drugstore bien achalandé. Les mots « crédit », « marché », « enchères », « intérêts » domineront jusqu’à l’envahir le texte revu et actualisé par Vanasay Khamphommala.

Controversée, l’œuvre doit être restituée sans complaisance ni édulcoration. Inutile de tenter de gommer sa portée dérangeante. Jacques Vincey l’a bien compris. Et si sa mise en scène se conforme au registre comique revendiqué par l’auteur et donne même souvent dans la gaudriole appuyée, elle le fait avec un humour noir, une dérision grinçante pour donner à voir l’artificialité spectaculaire de la société mise en cause en usant et abusant d’une esthétique du consommable entre la BD et le pop art, le happening et le show télé. Excessif mais pertinent.

Alors qu’il n’était pas monté sur scène pendant vingt ans, Jacques Vincey se distribue dans le rôle impossible de l’usurier juif Shylock et lui confère une ambiguïté troublante. Son interprétation n’est pas à charge. Il n’en fait pas un salop univoque mais un homme méprisé et méprisable, douloureux et intransigeant, capable d’une droiture effrayante qui confine à l’inhumanité mais aussi d’une certaine tendresse, notamment paternelle, qui se montre profondément touché par la perte de sa fille et heurté par l’insulte permanente dont il fait l’objet à cause de sa religion. Cette complexité d’approche n’est pas toujours le fort des autres comédiens qui dessinent leurs personnages avec une réelle flamboyance mais à plus gros traits. Vêtus de déguisements crétins (la pièce se passe en plein carnaval de Venise), ils s’amusent à camper une jeunesse jouisseuse et profiteuse qui se vautre effrontément dans la fête et la débauche. Le ténébreux Thomas Gonzalez est leur fier représentant, héros heureux et soulagé d’un happy end où la justice et l’amour triomphent d’une manière inopinée mais jubilatoire dans l’atmosphère envoûtante d’une boîte de nuit.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

LE MARCHAND DE VENISE (BUSINESS IN VENICE)
de William Shakespeare
mise en scène Jacques Vincey
texte français et dramaturgie Vanasay Khamphommala
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy
lumières Jérémie Papin
costumes Virginie Gervaise
perruque et maquillage Cécile Kretschmar
son et musique Alexandre Meyer et Frédéric Minière
vidéo Victor Egéa
assistanat mise en scène Théophile Dubus
avec
Quentin Bardou *
Jeanne Bonenfant *
Alyssia Derly *
Pierre-François Doireau
Théophile Dubus *
Thomas Gonzalez
Anthony Jeanne *
Jean-René Lemoine
Océane Mozas
Jacques Vincey
* comédiens du Jeune Théâtre en Région Centre-Val de Loire
production et coproduction
production Centre dramatique national de Tours – Théâtre Olympia
avec le soutien du dispositif Jeune Théâtre en Région Centre-Val de Loire
Durée:3h

CDN de Tours
19 SEPTEMBRE > 6 OCTOBRE 2017
11 › 20 octobre 2017 au Théâtre 71, Scène nationale de Malakoff
7 › 10 novembre 2017 à la Comédie de Reims, Centre dramatique national
15 › 16 novembre 2017 au NEST, Centre dramatique national de Thionville
21 › 24 novembre 2017 au Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
29 novembre › 1er décembre 2017 à la Comédie de Saint-Etienne, Centre dramatique national
6 › 7 décembre 2017 à l’Hexagone, Scène nationale de Meylan
12 › 14 décembre 2017 à la Maison de la Culture de Bourges, Scène nationale

11 octobre 2017/par Christophe Candoni
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