Phia Ménard fait fondre l’Opéra Comique

Phia Ménard est connue dans le monde du cirque et de la danse pour ses performances décapantes. Pour son premier opéra, elle reste égale à elle-même. »Et in arcadia ego » présenté à l’Opéra Comique est un montage d’après des airs célèbres de Rameau, dans une mise en scène décapante qui raconte la vie de Marguerite, de son enfance à sa mort. Phia Ménard installe un véritable big bang sur le plateau de l’Opéra Comique.

Qu’est-ce que vous aimez chez Rameau ?
Tout à tel à point que je lui ai même écrit une lettre ! Il ne m’a pas répondu et je le trouve très galopin alors que j’adore sa musique ! Moi qui suis tellement dans les arts contemporains, me confronter au 17ème siècle, c’est magnifique à vivre.

Comment avez-vous imaginé cette Marguerite ?
Elle est arrivée à cause d’Olivier Mantéi, le directeur de l’Opéra Comique qui m’a demandé de créer un big bang baroque. Alors ça m’embêtait de faire exploser le théâtre alors qu’il venait d’être refait à neuf ! Alors cette Marguerite a mûri entre les mains de Christophe Rousset, Éric Reinhardt, Éric Soyer et toute l’équipe, et Lea Desandre est notre Marguerite, elle est parfaite.

Est-ce qu’il y a un peu de vous dans cette Marguerite ?
Oui car il y a un peu de ma folie et de mes cris. Il y a en elle une envie de révolte, même au jour de sa mort. On lui dit qu’elle va mourir dans 70 ans mais elle a envie de prendre un peu de rab.

Comment vous est venue l’idée de la scénographie ?
C’est un spectacle avec bien plus qu’un décor. Il y a le froid, le vent, la fumée, la glace. C’est ça pour moi le baroque. Ce genre musical s’ouvrait à l’époque à des formes expérimentales. J’adore jouer avec le feu. Avec toutes ces couleurs, le froid, ces monstres qui se décongèlent pour devenir des oripeaux, ces fleurs qui se fanent. Ces éléments deviennent vivants. Le sol se rétracte. Un entonnoir avale Marguerite. On part du rigide et d’un seul coup il y a cette pluie sur le sol. Et le texte d’Éric Reinhardt colle parfaitement à la scénographie.

Vous nous faîtes jusque dans la dernière scène avec cette forme qui menace d’engloutir la salle.
Je suis très contente de voir que cela marche, de faire peur aux spectateurs qui se demandent si cette chose va manger l’orchestre. Finalement c’est cette mort qui arrive face à nous. Elle est sans forme. Elle donne une image de l’indicible qui avance vers nous.

Propos recueillis par Stéphane Capron – www.sceneweb.fr