Le Ballet du Capitole ne retrouvera pas son public en décembre. Consolation, le programme Dans les pas de Noureev sera diffusé le 30 décembre en streaming. Conversation avec son directeur Kader Belarbi.
Durant ces confinements, le directeur que vous êtes a redoublé d’activités j’imagine ?
Le phénomène de la distance impose une autre relation avec les danseurs. Ces derniers sont des âmes très sensibles. Certains ont préféré arrêter la danse d’ailleurs. Le directeur dans ces instants est aussi un « papa » ou une « maman ». Il y a une forme de neutralité et de vigilance à trouver. Le danseur est, à mes yeux, un champion sportif. Je trouve qu’il a une adaptabilité incroyable. Je le vois dans les cours lorsqu’il faut être masqué par exemple. Je dois néanmoins anticiper si je ressens que quelque chose ne va pas. Mais le lien entre les danseurs est fort. On a enfin besoin de retrouver les échanges artistiques dans nos studios : Monique Loudières ou Charles Jude sont venus ou vont venir à Toulouse. Cela est important.
Projet majeur de votre saison, le ballet Toulouse-Lautrec a été par deux fois annulé.
Il y a eu quelques larmes intérieures. Nous étions, fin octobre, dans les derniers jours de répétitions avant la création. La concentration des danseurs était démente sans parler des équipes autour, sur le décor et les costumes. J’ai fait une « couturière » très brouillonne et puis nous avons appris que le spectacle était à nouveau repoussé. Le projet de report table sur des représentations en octobre 21 à Toulouse. Je sais que l’énergie du moment apporte des choses inattendues. Elles ne seront sans doute plus là un an plus tard. Tout peut être remis en cause d’ici ce prochain rendez-vous. Je relisais il y a peu ce que disait Rudolf Noureev : « les lumières s’éteignent et je me meurs. Mais demain je renaîtrai. Demain, je danserai encore ». Je ne tiens pas à être dans une position défaitiste. L’avenir sera compliqué, les budgets crispés. Mais je pense d’abord à la fidélité du public répondant présent à nos programmes à venir comme à la solidarité au sein de la compagnie.
Quel était l’état d’esprit de la compagnie en cette fin d’année ?
Il y avait une énergie très positive, quelque chose même d’exponentiel autour du programme Dans les pas de Noureev ! Nous devions donner à Toulouse une série de 9 représentations. Puis, dans la foulée, autant à la Maison de la Danse de Lyon (à ce jour les dates lyonnaises sont sous réserve. Ndr). Je me suis posé la question de la qualité de ces spectacles, surtout après une aussi longue interruption à la suite du confinement. De plus il y avait eu un baby-boom chez nous avec trois danseuses enceintes. Il fallait donc les remplacer pour cette période. J’avais également imaginé faire venir des guest à Toulouse. Je sentais, néanmoins, que mes danseurs étaient stimulés après ces 40 dates annulées en 2020. L’élan, je le ressens. L’impression aussi que ces interprètes ont faim de danse. Noureev c’est toujours exigeant pour le corps. Nos 35 artistes le savent et l’expérimentent chaque jour. J’ai envie de dire qu’il y a une belle « soudure » entre tous dans ce moment généreux. Cette captation en est le témoignage.
Propos recueillis par Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Dans les pas de Noureev diffusion le 30 décembre. Enregistré au Théâtre du Capitole Toulouse. Diffusion sur les pages Facebook et YouTube du théâtre www.theatreducapitole.fr
Du 27 janvier au 3 février Maison de la danse de Lyon www.maisondeladanse.com (sous réserve)
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