
Photo Pascal Victor
Dans son premier spectacle, un seul en scĂšne, lâartiste brosse un joli portrait de sa mĂšre en traitant, de trop loin, le sujet de lâimmigration et de lâintĂ©gration.
Tel quâil se dĂ©peint au travers de son premier spectacle, Issam Rachyq-Ahrad est un jeune homme extraordinairement doux, simple et affectueux. De fait, il est Ă contrecourant de lâĂ©poque. Ătrange et inquiĂ©tant constat… Parce quâaujourdâhui, le sujet dont il sâempare – lâimmigration, lâintĂ©gration, lâidentitĂ© – dĂ©chire la sociĂ©tĂ© avec une violence inouĂŻe. Parce que dĂ©sormais, il est difficile de parler de ça, sans avoir envie de crier et de se battre. Quand le racisme le plus dĂ©complexĂ© sâentend sur les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision supposĂ©ment populaires, prolifĂšre dans cette presse dite patriotique, et se traduit au travers dâune loi nausĂ©abonde, bientĂŽt promulguĂ©e sous un gouvernement soi-disant centriste, inspirĂ©e par le Rassemblement National.
Dans ce contexte, Issam Rachyq-Ahrad a choisi de nous parler de sa mĂšre. Qui lâimpressionne. Quâil choie. Quâil veut dĂ©fendre. Il cite un Ă©vĂ©nement dĂ©clencheur : le 11 octobre 2019, lors dâune sĂ©ance du Conseil rĂ©gional de Bourgogne-Franche-ComtĂ©, un Ă©lu du RN sâen est pris Ă une femme, lui ordonnant de retirer son voile. Son spectacle, explique-t-il, est conçu comme une rĂ©paration Ă cette humiliation.
Seul en scĂšne, et sur un plateau quasiment nu (hormis un fauteuil rouge et un poste de radio), il Ă©voque son enfance, en Charente, son rapport aux arts, au théùtre, au chant ; il fait part de ses questionnements identitaires, avec cette mĂšre qui lui faisait un peu honte avec son voile, devant lâĂ©cole. Câest surtout de sa mĂšre dont il est ici question justement ; son rapport Ă la France, son accent, son amour pour Dalida, sa recette secrĂšte pour prĂ©parer le thé ; cette mĂšre quâil incarne avec beaucoup de tendresse et pas mal dâhumour ; cette mĂšre que lâon verra sur un Ă©cran et que lâon retrouvera Ă la fin de la reprĂ©sentation, quand le public sera invitĂ© Ă boire le thĂ©.
Câest un petit spectacle. Parce que Issam Rachyq-Ahrad est trĂšs (trop ?) prĂšs de son sujet et quâil ne parvient pas tout Ă tĂ©lescoper sa touchante dĂ©claration dâamour avec les enjeux sociĂ©taux et politiques du moment. Et pourtant, quâil est agrĂ©able dâentendre une telle voix aujourdâhui⊠Parce que ses mots sont joliment choisis. Parce que Issam Rachyq-Ahrad chante trĂšs bien. Parce quâil a beaucoup de charme (et un trĂšs beau sourire). Maintenant, on a hĂąte de le voir grandir.
Igor Hansen-LĂžve â sceneweb.fr
Ma République et moi
Jeu texte et mise en scĂšne Issam Rachyq-Ahrad
Collaboration artistique Thibault Amorfini
Scénographie, dramaturgie Fred Hocké
Création son Frederic MiniÚre
Régie son Zacharie Duterte
Production Iwa compagnie
Durée : 50 minutes
CDN-Le Méta Poitiers
les 23 et 24 janvier 2024Grand T Nantes Loire Atlantique
du 22 au 24 févrierCDN-Comédie de Caen
du 11 au 15 marsGrand T Nantes Loire Atlantique
du 21 au 23 marsScĂšne Nationale dâAngoulĂȘme
les 27 et 28 marsCDCN Manufacture Bordeaux
le 30 avrilCDN-TGP de Saint-Denis
du 22 au 26 mai
Off 2024
Théùtre des Halles
du 29 juin au 21 juillet Ă 14h (sauf les 3,10,17)
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