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Phèdre(s): un labyrinthe sans issue

À la une, Clermont-Ferrand, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre
Isabelle Huppert et Norah Krief photo Pascal Victor

Isabelle Huppert et Norah Krief photo Pascal Victor

Applaudissements polis pour la première très attendue de Phèdre(s) à l’Odéon. La mise en scène de Krzysztof Warlikoswski offre une palette de personnages à Isabelle Huppert qui donne l’impression d’être un peu perdue dans les méandres de cette pièce écrite à plusieurs mains.

Il n’y a pas une Phèdre, mais plusieurs Phèdres sur scène. Celle de Wajdi Mouawad, celle de Sarah Kane, celle de Racine. Krzysztof Warlikoswski puise dans cette richesse littéraire pour imaginer la Phèdre du 21ème siècle dans un environnement clinique, une grande salle de douche ouverte aux vents. Norah Krief chante de magnifiques mélodies rock en arabe notamment « El Atlal« , une très belle version de la chanson d’Oum Kalthoum (et d’autres compositions de Bruno Helstroffer). Une danseuse androgyne (Rosalba Torres Guerrero) exécute une chorégraphie arabe ondulante. Les mots abrasifs de Wajdi Mouawad sont tranchants comme la lame du couteau que tient Isabelle Huppert dans ses mains lorsqu’elle est au lit avec son amant, son beau-fils. Phèdre sort de son cocon comme une chrysalide. D’Aphrodite avec sa longue perruque blonde, l’actrice se mue en une Phèdre dépravée dans sa nuisette noire et son manteau en fourrure. Ivre, droguée par le monde, anéantie par les guerres, elle se traîne par terre. Elle, « la plus perverse des perverses » au vagin ensanglanté, fait l’amour avec Hippolyte. Isabelle Huppert est magnétique dans cette première partie, bien soutenue par Norah Krief et par son Hyppolyte, Gaël Kamilindi magnifique dans la scène d’amour. Les deux amants sont côté à côté sur un sofa, leur image projetée sur l’écran du mur du fond respire la jouissance, le corps de Gaël Kamilindi ruisselle de plaisir. On a littéralement été saisi par l’écriture de Wajdi Mouawad, par les images sulfureuses et par la voix de Norah Krief. Et puis tout retombe dans la deuxième partie.

photo Pascal Victor/ArtComArt

photo Pascal Victor/ArtComArt

La mise en espace du texte de Sarah Kane ne provoque pas la même plaisir, loin de là. C’est même l’ennui qui pointe très rapidement. Toute la tension dramatique s’efface. La faute peut-être au deuxième Hippolyte incarné par Andrzej Chyra, moins convaincant. Il campe un fils à papa odieux, obsédé par ses orgies et ses masturbations dans ses chaussettes. Sa belle-mère est une bourgeoise qui se jette sur son sexe. Cette deuxième partie qui se déroule dans une chambre en verre sonne creux. Aucune émotion. C’est lent et laborieux. La pause arrive au bon moment. A la reprise, le jeu d’Alex Decas dans un rôle de prêtre libidineux qui se fait sucer par Hippolyte (on pense à l’actualité) redonne un peu d’espoir.

Dans la dernière partie Isabelle incarne Elisabeth Costello, une romancière, personnage fictif du roman du Prix Nobel de littérature, J.M. Coetzee. Elle dialogue lors dans une conférence avec Andrzej Chyra. C’est une Phèdre plus réfléchie censée donner de la profondeur au personnage mythique. « Comment les mortels traitent-ils les dieux ? » pourrait-être le résumé de cette conférence. Elisabeth Costello étaye son propos à l’aide d’extraits de films. On regarde « Frances » avec Jessica Lange jeune (le film date de 1982), elle y incarne une star dépressive qui se fait lobotomiser le cerveau ou « Teorem » de Pasolini. Elisabeth Costello se mue en Phèdre, celle de Racine, dernière mue théâtrale pour Isabelle Huppert qui multiplie les registres dans ce spectacle où elle semble perdre par moment ses repères. Cet objet hybride, labyrinthique et décousu manque souvent de lisibilité.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Phèdre(s) textes de Wajdi Mouawad / Sarah Kane / J.M. Coetzee mise en scène Krzysztof Warlikowski
avec Isabelle Huppert, Agata Buzek, Andrzej Chyra, Alex Descas, Gaël Kamilindi, Norah Krief, Rosalba Torres Guerrero
adaptation Krzysztof Warlikowski
dramaturgie Piotr Gruszczyński
décor et costumes Małgorzata Szczęśniak
collaboration aux costumes Géraldine Ingremeau
musique originale Paweł Mykietyn
lumière Felice Ross
vidéo Denis Guéguin
chorégraphie Claude Bardouil
maquillage, coiffures, perruques Sylvie Cailler, Jocelyne Milazzo
assistant à la mise en scène Christophe Sermet
production Odéon-Théâtre de l’Europe
coproduction Comédie de Clermont-Ferrand – Scène nationale, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Barbican – Londres & LIFT
Elizabeth Costello : Copyright © 2003 by J. M. Coetzee
Traduction française de Catherine Lauga du Plessis aux Editions du Seuil et Editions Points.
L’Arche est éditeur et agent théâtrale de la pièce L’Amour de Phèdre de Sarah Kane, traduction Séverine Magois. www.arche-editeur.com
Les Éditions Actes Sud-Papiers publient trois pièces de Wajdi Mouawad :
Une Chienne (mars 2016)
Inflammation du verbe vivre (avril 2016)
Les Larmes d’Œdipe (avril 2016)

17 mars-13 mai 2016 / Odéon 6e
27 au 29 mai : Comédie de Clermont-Ferrand — Scène nationale
9 au 18 juin : Barbican -London & LIFT
26 et 27 novembre : Grand Théâtre du Luxembourg
9 au 11 décembre : Théâtrede Liège (Belgique)

18 mars 2016/par Stéphane Capron
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