Avec Ion, ce jeune chorégraphe grec fait une entrée remarquée sur la scène internationale. La pièce est retour au Théâtre des Abbesses du Théâtre de la Ville.
Il n’y a d’abord qu’un ballet de silhouettes comme prises dans ce rai de lumière au sol. Ça frotte, ça glisse. Les danseurs semblent se démultiplier – ils sont 10 au total – jusqu’à se révéler au jour du théâtre. Christos Papadopoulos n’a pas choisi le titre, Ion, par hasard : se référant ainsi à sa langue natale, il revient au verbe ienai voulant dire « marcher ». Sauf qu’ici ces particules sont tout sauf élémentaires. Une heure durant, il met en mouvement une masse, puis des éclats de corps torse nu dans la simple évidence d’un plateau dégagé.
Cette multitude, Christos Papadopoulos la voit comme une humanité en mode survie ou peut-être ces bancs de poissons aux formes harmonieuses. Autant d’organismes vivants en symbiose. Mais jusqu’à quand ? Le procédé choisi et développé par ce chorégraphe grec à suivre est une évidence même : se déplaçant sans décoller leurs pieds du sol, les danseurs sont pris dans une gestuelle distinguant le bas et le haut du corps. Les bras tout en mobilité dessinent dans l’espace une infinité de possibilités. Port presque classique ou horizon mouvant. Les jambes, elles, restent droites. Enfin, le regard des interprètes, comme fixé aux spectateurs, accentue encore la force de l’écriture chorégraphique.
Sur une musique de Coti K, répétitive et addictive, Ion déploie ses sortilèges. Le temps passe sans lasser. Christos Papadopoulos est sûr de ses effets – parfois un peu trop – qu’il maîtrise avec panache. Il a été à bonne « école » travaillant notamment avec Dimitris Papaioannou, que ce soit sur la cérémonie des JO d’Athènes ou sur d’autres projets. Mais les mythes ne sont pas sa tasse de thé contrairement à Papaioannou. Néanmoins, Papadopoulos a appris deux ou trois choses auprès de son mentor. Comment penser la lumière, comme resserrer le cadre sur une action par exemple. Ion est riche de tout cela. Plus encore ce spectacle conforte l’entrée fracassante de Christos Papadopoulos dans un milieu danse en manque de nouvelles têtes. Repéré en 2016 avec Elvedon, Christos Papadopoulos suit depuis sa bonne étoile.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Ion
de Christos Papadopoulos
DRAMATURGIE Tassos Koukoutas
MUSIQUE Coti K
LUMIÈRES Tasos Palaioroutas
COSTUMES Angelos Mentis
DÉCOR Evangelia Therianou
ASSISTANTES DU CHORÉGRAPHE Katerina Spyropoulou, Ioanna Antonarou
AVEC Maria Bregianni, Nanti Gogoulou, Amalia Kosma, Hara Kotsali, Giorgos Kotsifakis, Dimitra Mertzani, Efthymis Moschopoulos, Ioanna Paraskevopoulou, Alexis Tsiamoglou, Alexandros Varelas
Christos Papadopoulos a été découvert dans le cadre de Chantiers d’Europe 2017.Durée : 1h
Théâtre des Abbesses, Paris
Du 20 au 22 février 2020
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