Comment continuer de vivre après la mort d’un être que l’on a aimé ? Liane est veuve. Son amant a disparu un soir dans un Bayou, quelque part dans le Mississipi. La présence de son amant lui reste chevillée au corps. Elle embrasse langoureusement sa veste toujours empreinte de son odeur. Elle collectionne des flacons dans lesquels se trouvent encore un peu de son âme. A chaque flacon, une couleur, un souvenir. « Il n’est pas mort, Il vient la nuit et Il rôde autour du lit, explique Brontis Jodorowsky, le metteur en scène. C’est un conte adulte, un conte hanté, sur la mort et la renaissance ». Fabrice Melquiot a écrit un texte d’une extrême sensibilité. Déjà monté par Emmanuel Demarcy-Mota en 2002 à la Comédie de Reims, « L’inattendu » est un monologue poignant qui ne laisse pas insensible. Il explore bien sur le thème du rapport à la mort, mais aussi en filigrane celui de la différence. L’amant de Liane était noir, elle est blanche.
Eleonor Agritt interprète cette femme perdue et tourmentée. Formée à l’école de Chaillot, elle partage sa carrière entre théâtre et Opéra. Sa silhouette fragile, son regard creusé, ses gestes méticuleux laissent planer une grande émotion dans la salle. Elle joue sur plusieurs registres. La sensibilité lorsqu’elle pleure son amant et l’introspection lors de son voyage initiatique en Afrique à la découverte d’autres civilisations, un voyage au cœur des racines de son amant. Brontis Jodorowsky qui triomphe au Lucernaire dans « Le Gorille » signe une mise en scène tout en finesse qui vient souligner par de toutes petites touches légères la poésie du texte de Fabrice Melquiot. La scène de fin est particulièrement réussie. Liane confectionne un petit mausolée avec toutes ses bouteilles, et y dépose un bouquet de fleurs. Une très belle image.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
« J’ai assisté à une présentation de L’Inattendu, mis en scène par Brontis Jodorowsky. J’ai été heureux de la sobriété et de la justesse de ce travail, heureux aussi de l’interprétation d’Eleonor Agritt, généreuse et précise ; beaucoup de force dans un corps tantôt suspendu, tantôt brisé. Je sais la persévérance qui a été la leur dans l’élaboration de ce projet, fondé d’abord sur la passion. J’espère qu’ils entendront à leur proposition et à ses qualités l’écho qu’elles méritent, et que des espaces s’ouvriront, qui permettront au spectacle de trouver le temps de s’épanouir. » Fabrice Melquiot
L’inattendu de Fabrice Melquiot
Texte publié aux éditions de l’arche / mise en scène
Brontis Jodorowsky / avec Eleonor Agritt /
lumières Rémi Nicolas / costumes Elisabeth de Sa uverzac
/ musique Edouard Ferlet / photo jeanne roualet
Du mardi au samedi / 20h00 / 04 janv. au 12 fév. 2011
Les déchargeurs 3, rue des déchargeurs 75 001 Paris
Métro Châtelet
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