René-Jacques Chauffard a été le premier comédien français à endosser le rôle du vieux Krapp écoutant sa vielle bande magnétique sur son magnétophone. Samuel Beckett a écrit ce texte en anglais (« Krapp’s Last Tape »). Son idée première était d’un faire une pièce radiophonique, mais c’est finalement sur scène qu’elle fut jouée la première fois en 1958 à Londres en complément de « Fin de Partie ». Samuel Beckett l’a traduite lui-même en français – avec l’aide de Pierre Leyris. Roger Blin qui avait déjà mis en scène « En attendant Godot » (1953) et « Fin de Partie » (1957) l’a montée au Théâtre Récamier.
« J’éprouve pour ce petit texte les sentiments d’une vieille poule pour son dernier poussin. Comme elle je glousse, je le couve de mon petit œil brillant, je me perche sur une patte, pieds nus. » « Beckett » par James Knowlson (édition Actes Sud collection Babel). Dans ce monologue sentimental, le vieux Krapp, écrivain un peu clochard, un peu ivrogne, se repasse les moments de sa vie qu’il a enregistrés sur son magnétophone. Un monologue poignant qui fait ressortir avec nostalgie les déchirures amoureuses de l’existence de ce vieillard. « Il est gentiment triste et sentimental, un cœur d’artichaut », explique Beckett.
« Nous dérivions parmi les roseaux et la barque s’est coincée. Comme elle se pliait avec un soupir devant la proue, je me suis coulé sur elle, mon visage dans son sein et ma main sur elle. Nous restions là couchés. Sans remuer ».
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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