Igor Mendjisky adapte et met en scène le roman de Mikhaïl Boulgakov, Maître et Marguerite, en moins de deux heures. Un sacré tour de force. Un spectacle à l’énergie foisonnante qui va se bonifier au fil du temps.
Igor Mendjisky a choisi un dispositif tri-frontal, une sorte de un ring délimité par des néons dans les angles, Ivan (Igor Mendjisky) attend tel un boxeur avant son combat dans un des coins, assis sur une chaise en observant les spectateurs s’installer dans les gradins. Après avoir s’être inspiré du Théâtre ambulant Chopalovitch du serbe Lioubomir Simovitch, sa dernière création en 2016, Igor Mendjisky s’attaque à un pavé de l’histoire de la littérature russe. Sans s’y casser les dents. Et c’est déjà une sacré performance. L’esprit de l’œuvre est là. Ces trois histoires entremêlées se suivent avec limpidité.
Il y a d’abord le magnétisme du magicien Woland, ce diable mystérieux à l’accent prononcé (Romain Cottard prend tout d’abord un accent lagarfeldien puis le perd avec bonheur en cours de route). Avec ses tours de magie noire, il met le monde à l’envers et envoie Ivan dans un asile psychiatrique et Berlioz à Yalta.
L’autre grand pan du Maître et Marguerite est l’évocation de la rencontre entre Ponce Pilate et Yeshoua Ha-Nozri (Jésus). Toutes les scènes entre Pierre Hiessler et Yuriy Zavalnyouk sont en araméen ! Et puis il y a l’histoire d’amour entre le Maître et Marguerite, avec notamment la scène du bal de la pleine lune où Woland lui propose de devenir une sorcière. Igor Mendjisky invite les spectateurs à se déhancher au rythme du tube El Pasito face à une brochette des pires dictateurs de la planète qui les observent (Hitler, Staline, Kadhafi, Saddam Hussein…). C’est un peu tiré par les cheveux, et pas le meilleur moment du spectacle.
L’ensemble reste néanmoins foisonnant, la mise en scène est endiablée. Si les séquences avec Woland sont déjà des petits bijoux de fantaisie, on le doit au toujours remarquable Romain Cottard, celles avec le Maître et Marguerite manquent encore de flamme et ronronnent un peu. Du coup par moment le rythme faiblit un peu, tout cela demande encore à se huiler un peu. Mais l’essentiel est déjà là: la critique sociale et politique de l’œuvre de Mikhaïl Boulgakov, ainsi que son côté burlesque et fantastique.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
LE MAITRE ET MARGUERITE
de Mikhaïl Boulgakov
adaptation et mise en scène Igor Mendjisky
avec Marc Arnaud, Romain Cottard, Adrien Gamba Gontard, Igor Mendjisky, Pauline Murris, Alexandre Soulié, Yuriy Zavalnyouk, Esther Van den Driessche lumières Stéphane Deschamps costumes May Katrem vidéo Yannick Donet scénographie Claire Massard et Igor Mendjisky production Les sans cou coproduction ACME – Camille Torre et Théâtre de Belleville – Laurent Sroussi avec le soutien du Théâtre de la Tempête (compagnie en résidence) en coréalisation avec Le Théâtre de La Tempête.
Durée: 1h55Théâtre de la Tempête
Salle Serreau
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
Du 10 mai au 10 juin 2018du 6 au 27 juillet à 19h40 à Avignon
11 • Gilgamesh Belleville
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