Olivier Mouginot vous avez créée « I am a man » avec votre collectif « L’organisation », un spectacle sous titré « généalogie de la liberté », c’est un spectacle dont l’ambition est de raconter l’histoire des noirs aux USA ?
C’est un spectacle qui a matière première l’émancipation des noirs américains à partir de la fin du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Il faut traverser l’histoire populaire des Etats-Unis à travers les noirs américains.
Est-ce que l’élection de Barak Obama Président des USA a été le déclic ?
Oui par réaction à cet évènement qui a été un objet de curiosité pour chacun, un moment politique important plus difficile à décrypter qu’il n’y parait, mais le véritable élément déclencheur a été pour moi la lecture des écrits d’Angela Davis. Il y a avait plein choses passionnantes que je ne connaissais pas et puis dans mon travail d’écrivain et de metteur en scène je m’intéresse au rapport de l’histoire avec la fiction et je voulais m’aventure dans le théâtre documentaire qui est un genre très large et très ouvert avec une matière importante
Comment travailler cette matière ?
Le spectacle est un pari, la comédienne est seule sur scène elle a la charge de raconter un siècle d’histoire après l’abolition de l’esclavage et le fin de la guerre de sécession. Elle doit interpréter cette histoire à travers une dizaine de personnages, de Billie Holiday à Malcom X en passant Martin Luther King ou James Brown. Et on utilise ces personnages pour entrer dans une histoire qui n’est pas celle des grands hommes ou des grandes femmes, ce serait plutôt l’histoire des mouvements, l’histoire collective, l’histoire populaire qui nous intéressait. Mais il nous fallait une porte d’entrée plus accessible pour creuser dans cette idée là.
Donc vous utilisez les discours importants de ces personnalités comme matériau théâtral…
Même plus que les discours, il y a des éléments de biographie, des documents officiels, des poèmes, des chansons. Tout cela fait l’objet d’une réécriture et de mise en relation. Et derrière il y a un travail d’écriture. Par exemple dans le spectacle il y a une scène où nous faisons dialoguer Martin Luther King et Malcom X que l’on a beaucoup opposé. Ils sont entrain de prendre leur petit déjeuner. Bien sûr cette scène n’a jamais eu lieu. Ils se sont rencontrés très vite et n’ont échangé qu’une poignée de main dans leur vie, mais ce qui est sur c’est qu’à la fin de leur vie leur conception et leurs idées étaient très proches et l’on peut que s’ils n’avaient pas été assassinés tous les deux il y aurait eu une connexion et pourquoi pas une union. On pose des questions et nous ne sommes pas uniquement dans le compte rendu de l’Histoire.
Est-ce que la musique est importante ?
La musique est un élément important. La musique noire américaine raconte l’histoire des USA. Il suffit de regarder les titres des chansons ou l’histoire des formes. C’est vrai pour le free jazz ou la soul qui apparaît en même temps que le mouvement pour les droits civiques de Martin Luther King.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
I AM A MAN
(Généalogie de la liberté)
Théâtre documentaire
Texte et mise en scène : Olivier Mouginot
Avec Laetitia Lalle Bi Bénie
Scénographie : Vincent Devillard
Création lumière : Julie-Lola Lanteri
Costume : Marie Ampe
Production : L’Organisation (2010)
Durée du spectacle : 1 h 15
Créé en janvier 2011 au Théâtre de l’Élysée – Scène découverte (Lyon)
INFORMATIONS PRATIQUES
21 & 22 avril 2011 – représentations à 20 h 30
Théâtre de l’Astrée, Campus de la Doua, 6 avenue Gaston Berger, Villeurbanne.
Tramway T1, arrêt La Doua – Gaston Berger
Réservation au 04 72 44 79 45 ou mission.culture@univ-lyon1.fr
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