« I saw the best minds of my generation… «
Je suis retombée sur Howl, d’Allen Ginsberg pendant cette année de pandémie.
Au plus profond du deuxième confinement, l’effet a été celui d’un coup de bélier, de l’eau qui revient brutalement à couler dans un cours qui s’assèche.
La puissance hallucinogène des images, le rythme et la sonorité de la langue…
La langue de Ginsberg est crue. A travers un portrait percuté et vibrant de la jeunesse universitaire de son époque et de ceux qu’elle a croisés sur sa route, elle parle de l’errance, de l’enfermement, de l’état du monde qui rend fou, de la dissidence et de l’Etat qui traite la dissidence comme de la folie.
Mais par dessus tout c’est le désir de vie bouillant, urgent, qui gronde et qui déborde de toutes les pages, un appel à dévorer la vie par toutes les sensations possibles, un appel vers les autres, un appel au dehors, un appel à sortir de soi, à la sortie de route, un appel aux grands espaces, un appel à prendre l’espace, un appel au contact des corps.
Ginsberg a écrit d’un souffle un poème qui se révèle à voix haute, un poème physique, projetant les images par le son jusqu’à mettre le souffle au défi pour soutenir l’incroyable richesse de cette traversée sensuelle.
{…}
La relecture de Howl fait un effet de dissonance cognitive si l’on pense en miroir à la tranche des 18-25 ans qui ont traversé cette année, et plus particulièrement aux étudiant.e.s des universités, puisque c’est depuis les universités que Ginsberg parle. {…} Les conséquences de l’enfermement de cette génération pendant plus d’un an sont très violentes, en mettant sur les genoux les personnes et la pensée.
J’ai envie d’écrire une sorte de pendant à Howl au regard de la
jeunesse universitaire d’aujourd’hui et de l’expérience qu’elle a traversée pendant plus d’un an. Un poème inspiré de la structure de celui de Ginsberg pour remettre des sons sur le bruissement du vivant, sur cet état de dévorer la vie par les sensations. Qu’on n’oublie pas le son du dehors, le son du dehors la nuit, qu’on n’oublie pas les mille sons d’un campus habité y compris les plus anodins, les sons de l’excitation et de l’émulation, des pas de côté, des temps de vide et de rien, des temps d’errance, des corps qui se rencontrent, de l’appel de l’autre, de la transgression vers l’autre, de la puissance du nombre, le son des possibles qui s’ouvrent, et de la révolte contre l’état du monde, et de la contemplation de sa beauté. Et puisque Howl fait des allers-retours entre le plein et le vide, interroger aussi ce temps où les sensations ont été bouleversées pour faire acte puisque les étudiant ont été si peu entendus voir forcés au silence. Ne pas oublier qu’en France, on a enfermé la jeunesse universitaire pendant plus d’un an.
Et donc aller rencontrer les étudiants de différentes façons, les écouter par l’écriture, par le témoignage ou par un travail sur leur paysage sonore et celui du campus. Campus plein et campus vide.
Ecrire à partir de cela. Tenter d’écrire d’un souffle.
Et en faire une performance live et musicale, proche du rap et du spoken word.
Avec Delphine Battour à la collaboration artistique, elle-même ancienne étudiante de Rennes2 et Raphaël Mars à la composition et l’interprétation musicale.
Laure Catherin, mai 2021
Howl 2122
Création 2022
Performance poétique et musicaleÉcriture et interprétation –
Laure CatherinCollaboration artistique –
Delphine BattourComposition et interprétation musicale-
Raphaël MarsProduction – LaDude
Durée 1h10
Co-productions et soutiens – Université Rennes2 / Théâtre du Cercle (Rennes) / Ville de Rennes dans le cadre de l’Aide à l’Accueil de Résidences/ Maison du Livre de Bécherel
Accueil en résidence – Les Ateliers Du Vent (Rennes)/ Maison Jacques Copeau
Saison 22-23
Novembre
Du 17/11 au 19/11 – Théâtre du Cercle, Rennes //FESTIVAL TNB
22/11 – Théâtre Ouvert, Paris //FESTIVAL FOCUSFévrier
1/02 – L’Aire Libre, Rennes (hors-les-murs, lieu en cours)
8/02 – Ferme du Biéreau, Louvain, avec l’Université Catholique de LouvainMai
26/05 – L’Aire Libre, Rennes (hors-les-murs, lieu en cours)
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