Le metteur en scène Jacques Nichet est mort lundi 29 juillet, il avait 77 ans. Créateur avec Jean-Louis Benoît et Didier Bezace du Théâtre de l’Aquarium à Paris, il a dirigé le Théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de la région Languedoc-Roussillon à Montpellier, puis le Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées (TNT). Ses obsèques auront lieu le 2 août au vieux cimetière de Béziers. A la rentrée de septembre, un hommage lui sera rendu au Théâtre de l’Aquarium à Paris et au ThéâtredelaCité à Toulouse.
Jacques Nichet aura marqué l’histoire de la décentralisation théâtrale de la deuxième moitié du 20e siècle, seul metteur en scène à ce jour a avoir proposé un auteur noir dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon, c’était en 1996 avec La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire. Jacques Nichet, alors directeur du Théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de la région Languedoc-Roussillon à Montpellier installe dans la cour un bus déglingué (un tap-tap, dit-on en Haïti). Emile Abossolo-M’Bo interprète le Roi. La troupe, composée d’acteurs africains et antillais, livre la réflexion d’Aimé Césaire sur le destin des luttes indépendantistes dans la cour d’Honneur. Un des plus beaux spectacles de ses 25 dernières années.
Jacques Nichet vient du théâtre universitaire. Il fonde le Théâtre de l’Aquarium en 1965, il est alors étudiant à l’École normale supérieure. François Rancillac qui a quitté la direction du Théâtre de l’Aquarium en 2018 raconte avec truculence l’histoire du lieu dans l’ouvrage L’Aquarium, d’hier à demain. Il imagine une pièce documentaire avec celles et ceux qui ont fabriqué le lieu de 1968 à nos jours. Et Jacques Nichet en est l’un des acteurs.
Le Théâtre de l’Aquarium dans sa forme actuelle s’installe en 1972 à la Cartoucherie de Vincennes sur les encouragements d’Ariane Mnouchkine et de Jean-Marie Serreau, déjà sur place. Jacques Nichet, Jean-Louis Benoît et Didier Bezace y posent leurs valises. Jacques Nichet participe à douze réalisations, dont Marchands de ville (1972), Ah Q, de Jean Jourdheuil et Bernard Chartreux, d’après Lu Xun (1975), La jeune lune tient la vieille lune toute une nuit dans ses bras (1976), Correspondance (1980).
En 1986, Jacques Nichet quitte Paris pour diriger le Théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de la région Languedoc-Roussillon à Montpellier, où il met en scène des auteurs aussi différents que Federico García Lorca (La Savetière prodigieuse), Denis Diderot, Javier Tomeo (Monstre aimé), Pedro Calderón de la Barca (Le Magicien prodigieux), Eduardo De Filippo (Sik-Sik, Le Haut-de-forme) ou Serge Valletti (Domaine ventre). En 1998, Jacques Nichet prend la direction du Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées (TNT), poursuivant son travail de mise en scène d’auteurs contemporains peu montés à l’époque sur scène: Daniel Keene, Svetlana Alexievitch, Quint Buchholz, mais aussi des classiques comme Antigone de Sophocle qui sera reprise à l’Odéon-Théâtre de l’Europe.
En 2007 il quitte le TNT car, dit-il « Dans le métier, il est de coutume d’exercer jusqu’à 70 ans. À 65 ans, j’ai senti qu’il fallait boucler un cycle, j’ai décidé de me surprendre moi-même en forçant le destin… La vie n’est intéressante que si elle est surprenante ! » Il continue à mettre en scène. Didier Bezace l’invite pour ses dernières saison à La Commune d’Aubervilliers (La Ménagerie de verre de Tennessee Williams en 2009). L’année dernière, il était revenu au TNT de Toulouse présenter en novembre Compagnie de Beckett avec Thierry Bosc.
Stéphane CAPRON – sceneweb.fr
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