Le spectacle de Jean Bellorini, Un Instant (qui débute une grande tournée pendant la saison 19/20), s’attarde sur l’enfance chez Marcel Proust à travers la Recherche du temps perdu. De son vivant, Proust a mené une vie mondaine, les salons et les théâtres étaient comme autant de terrains de jeux. Mais qu’en était-il de sa relation avec les personnalités des arts de la scène de son époque ?
L’une des amitiés marquantes de Marcel Proust, remise au goût du jour dans la parution d’Olivier Schmitt qui a accompagné la réouverture de La Scala sur le boulevard de Strasbourg, est la passion que l’auteur ressentait pour le chanteur Felix Mayol. Ce dernier fascine Proust qui ira « à la Scala que pour lui, ou plus précisément pour son agilité ». Dans une lettre, l’écrivain va jusqu’à confesser : « ce qui me plaît en lui c’est que c’est du chant dansé, que tout son corps suit le rythme ».
Le récipiendaire de ces lignes, le compositeur Reynaldo Hahn, compte lui aussi parmi les amis de Marcel Proust. A qui d’autre le jeune auteur aurait-il pu mieux parler de sa passion qu’à l’homme avec qui il entretiendra une liaison dont la nature reste floue pendant deux décennies ? Au début du XXe siècle, Hahn est une figure importante de la vie musicale parisienne. Il sera même, de 1945 à sa mort en 1947, directeur de l’Opéra de Paris. Proust est de ceux qui l’ont apprécié à ses débuts lorsqu’il se produisait dans les salons parisiens, notamment dans celui de Madeleine Lemaire, rue Monceau. Aujourd’hui, les lettres de Proust au musicien sont publiées, comme un témoignage inestimable de l’amitié entre les deux artistes.
Un autre créateur, auteur dramatique celui-ci, a entretenu des liens avec Marcel Proust, il s’agit de Francis de Croisset. Célèbre d’abord pour ses pièces à scandales et sa vie dissolue, il se fait connaître en parallèle comme co-auteur de livrets pour Chérubin de Jules Massenet et même Ciboulette, seule œuvre de Reynaldo Hahn véritablement passée à la postérité. L’amitié qu’il connait avec l’auteur de La Recherche du temps perdu est aussi documentée par une correspondance après leur rencontre autour de 1902. Le sujet qu’ils se plaisent à évoquer ? La vie théâtrale du temps. Une vie marquée par les actrices, que Proust compte aussi au nombre de ses fréquentations. Parmi elles, Réjeane, alors aussi célèbre que sa contemporaine Sarah Bernhardt. Le pont entre les deux a été établi par Jacques Porel, fils de l’actrice. Proust habitera le quatrième étage de son hôtel particulier, rue Laurent Pichat (16e arrondissement) en 1919, avant de rejoindre son ultime chambre, rue Hamelin.
Ainsi, chanteurs, compositeurs, auteurs et actrices ont fait partie du paysage parisien de Proust, au même titre que les littéraires et les peintres. La correspondance qu’il a entretenu avec un certain nombre d’entre eux en témoigne encore aujourd’hui.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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