Aujourd’hui, Don Quichotte a toujours le vent en poupe. De la (très attendue) adaptation de Terry Gilliam qui sera projetée au Festival de Cannes à la belle tournée du ciné-spectacle de La Corderie, Dans la peau de Don Quichotte. Mais qui se souvient que, en France, le roman de Cervantès a d’abord été connu sur scène ?
En 2007, Christophe Couderc a publié une étude qui revient sur les premières fois où le héros de Cervantès a été montré sur les scènes en France. La première partie du roman est en effet publiée en Espagne en 1605 et la première traduction en français date de 1614. Et cette même année, Don Quichotte et son serviteur font leur baptême des planches, à l’occasion d’un ballet donné au Louvre !
Car à ses débuts, le héros est apprécié pour son potentiel comique. Il dépasse rarement le stade de fou, de matamore : son aura romantique n’apparaîtra sur les planches que quelques siècles plus tard… Les dramaturges qui l’adapteront seront, en effet, très soucieux de séduire le tout puissant spectateur par la drôlerie : le meilleur ingrédient pour remplir une salle. C’est donc des précédents succès qui les inspireront, et non pas vraiment l’œuvre originale.
Néanmoins, il a bien fallu qu’un premier s’y attèle : Pichou écrit Les Folies de Cardénio, une tragi-comédie jouée pour la première fois en 1628 à l’Hôtel de Bourgogne. Seule une partie de roman est adaptée dans cette pièce en cinq actes. L’intrigue sentimentale est mêlée à un récit comique et Don Quichotte ne fait son apparition qu’à la fin de l’acte III. Le matamore est alors utilisé comme un intermède comique aux drames amoureux qui se jouent sur scène.
Il faut attendre la fin des années 1630 pour connaître de nouvelles adaptations. Considérant toujours le héros comme burlesque, figure caricaturale d’une Espagne rivale, Guérin de Bouscal va écrire non pas une mais trois pièces où Don Quichotte et (surtout ?) son serviteur, sont désormais les héros : l’histoire originelle occupe davantage de place.
Des analyses littéraires ont mis en évidence que la dernière pièce de Guérin de Bouscal, Le Gouvernement de Sanche Pansa, a eu de l’influence sur la conception même du comique au théâtre. Molière lui-même en avait connaissance, il la joue entre 1665 et 1678. Il semblerait que son Dom Juan ou encore son Bourgeois Gentilhomme lui doivent beaucoup…
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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