En France, qui ne connait pas Le Cid de Corneille ? Dans leurs saisons, les théâtres font généralement honneur à cette tragédie en vers que tout le monde a étudiée au lycée. Inspirée de la pièce espagnole de Guillén de Castro, Las Mocedades del Cid (1631), elle a vu le jour en 1637 à Paris, le 7 janvier, quelque part sur la rue Vieille-du-Temple…
Avant le succès du Cid, Pierre Corneille ne bénéficie pas encore des honneurs de la cour. Dans le Paris de Louis XIII, les auteurs à la mode sont Georges de Scudéry, Jean Mairet et Jean de Rotrou. Les pièces de Corneille sont alors majoritairement créées au Théâtre du Marais, un ancien jeu de paume aménagé entre la rue de la Perle et la rue des Coutures-Saint-Gervais, dont la façade longe l’actuelle rue Vieille-du-Temple.
Difficile d’imaginer les théâtres de cette époque. Le Marais était l’une des deux salles permanentes de Paris avec l’Hôtel de Bourgogne, alors situé rue Mauconseil. Bien qu’exigu, l’intérieur est circulaire. Un parterre où le public s’installe debout est entouré de quatre étages de loges structurés par une colonnade qui monte jusqu’au plafond. Les spectateurs installés au plus haut ne voient presque pas la scène, dont l’ouverture se situe au niveau du premier rang de loges !
C’est ici que le 7 janvier 1637, le Cid est donné sur scène pour la première fois. Dans le rôle de Rodrigue, le directeur du théâtre de l’époque : Guillaume des Gilberts, alias Montdory. Chimène est incarnée par Mlle Villiers et Baron père est certainement Don Diègue. Les détracteurs de Corneille, jaloux de la pièce, saluent néanmoins « l’adresse et la bonté de Montdory, la Villiers et leurs compagnons ».
Le succès du Cid est tel que la pièce est jouée à la cour et chez le cardinal de Richelieu. Quelques temps plus tard, la famille de Corneille est anoblie par le roi.
Le Cid n’en était alors qu’au début de son histoire. Presque 400 ans après, la mise en scène de la pièce par Yves Beaunesne s’installe cette semaine au Théâtre des Quartiers d’Ivry. Sa note d’intention souligne les aspects tragiques et drôles qui s’imbriquent dans la pièce, remettant à l’honneur la pièce des origines qui n’était pas seulement une tragédie, mais une tragi-comédie.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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