Un Macbeth à l’Odéon sous la baguette de Stéphane Braunschweig au mois de janvier, une nouvelle production dirigée par Frédéric Bélier-Garcia cette semaine à Angers avec Dominique Valadié. La « pièce maudite » de Shakespeare, comme il est coutume de l’appeler dans le monde du théâtre, a le vent en poupe depuis quelques années. Mais quelles actrices se sont frottées à Lady Macbeth, ce rôle réputé pour être l’un des plus difficile à jouer ?
Le rôle de Lady Macbeth est-il pour les comédiennes ce que la Traviata est aux chanteuses lyriques ? En tout cas, la question est un poncif pour tout habitué des théâtres : « mais qui est celle qui va jouer Lady Macbeth, il faut une grande actrice pour cela ! ». Fureur, culpabilité, manipulation, séduction, meurtre… Il est communément admis que ce personnage grandiose fait appel à toutes les qualités de jeu des comédiennes qui s’y frottent, le physique n’ayant aucune importance.
A la fin du XIXe siècle, Sarah Bernhard (toujours elle !), a marqué les spectateurs de l’époque en jouant pieds nus et en robe de chambre la scène où Lady Macbeth est somnambule. Il arrive parfois, encore aujourd’hui, à des mémoires vivantes du théâtre de parler de l’incarnation de Maria Casarès dans la cour d’honneur du Festival d’Avignon en 1954 et 1956. Simone Signoret (1966), Marie-Sophie Ferdane (2013), font aussi partie des interprètes qui ont marquées les esprits.
Mais à l’échelle du XXe et du XXIe siècle, peu de « grands noms » du théâtre s’y sont plongées. Ariane Mnouchkine, qui a monté la pièce en 2014, a fait un spectacle magique, mais Nirupama Nityanandan qui jouait le premier rôle s’est vue reprocher son manque de profondeur. Jean-Pierre Vincent, en 1985, met en scène avec la Comédie-Française, Catherine Ferran. Colette Godard, du journal Le Monde, affirme alors que de faire jouer la tragédienne comme une « petite bourgeoise frustrée et calculatrice », lui enlève tout intérêt.
La question reste donc difficile, Chloé Réjon qui a pris le rôle en janvier 2018 à l’Odéon n’a pas fait l’unanimité. Certains lui reprochent son manque de relief, par rapport à son mari, d’autres ont loué l’égalité en tout point qui semble structurer leurs rapports.
Puisque celle qu’on appelle, « la pièce maudite », a été montée plus de fois ces cinq dernières années que dans les 15 précédentes, sans doute que le paradigme a dû changer : Lady Macbeth attire ? Le public attend avec impatience que Dominique Valadié, récompensée pour son talent à de multiples reprises, s’empare du rôle et s’y plonge au plus loin.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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