Il y a toujours une actualité qui concerne Albert Camus : quand ce n’est pas une de ses pièces ou un de ses romans adaptés sur scène, ce sont ses carnets, la recherche s’intéresse aussi à l’auteur comme La Revue d’Histoire du Théâtre dans son numéro 280 qui s’intitule Albert Camus et le Siècle d’or espagnol, ou comment le dramaturge s’est construit avec le théâtre.
Ce numéro a été dirigé par Vicenzo Mazza, docteur en lettre et enseignant à l’Université Montpellier 3. Depuis plusieurs années, ses recherches portent sur Albert Camus en général et son rapport avec le théâtre du Siècle d’or espagnol (1492-1681) en particulier.
Dans l’avant-propos du dossier, Vicenzo Mazza dresse d’abord le paysage théâtral dans l’esprit de Camus. On apprend que le théâtre entre dans la vie de l’auteur de L’Etranger en 1936. Il est alors âgé de 23 ans. Avec quelques amis, il crée la troupe du Théâtre du Travail, en lien avec la courte expérience de Camus au sein du Parti Communiste français. Ce groupe prendra par la suite le nom de Théâtre de l’Equipe. Son amour du théâtre ? Camus l’attribue à l’histoire du Vieux-Colombier et aux écrits de Jacques Copeau.
En 1946, dans la collection Théâtre et poésie que Camus dirige chez Charlot, il publie La Dévotion à la croix et L’Alcade de Zalamea de Petro Calderon dans une version de Georges Pillement.
Bien plus tard dans sa carrière, Camus adapte deux pièces : La Dévotion à la croix (1953), puis Le Chevalier d’Olmedo de Lope de Vega (1957). La première adaptation est une commande du directeur du Festival d’Angers. C’est dans ce même festival que Camus représente la seconde quelques années plus tard.
Vicenzo Mazza note que ces deux adaptations répondent à un engagement plus profond : des racines espagnoles qui remontent à ses grands-parents et qui l’enflamment quelques temps avant que n’éclate la guerre civile en Espagne, en 1936. Avec son entourage, Camus écrit en 1934 Révoltes dans les Asturies, essai de création collective, inspiré par la révolte ouvrière dans la région-titre. Bien plus tard, en 1958, dans son ouvrage intitulé Preuves, il écrit à l’adresse de l’Espagne : « Amis espagnols, nous sommes en partie du même sang et j’ai envers votre patrie, sa littérature et son peuple, sa tradition, une dette qui ne s’éteindra pas ».
Peu avant sa mort, Camus planifiait de publier, dans une même édition, quelques œuvres majeures du répertoire classique espagnol : Lope de Vega, Tirso de Molina et Calderon. Il songeait à les faire traduire par des écrivains pour la Bibliothèque de la Pléiade.
Alors qu’est-ce qui conduit Albert Camus à s’intéresser à ces pièces ? Qu’est-ce qui l’attire dans l’imaginaire de ce siècle ? Une suite d’articles abordent ces questions et plus généralement le lien entre le théâtre du Siècle d’or espagnol et la France du milieu du XXe siècle…
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
Pour en savoir plus sur ce numéro, rendez-vous sur le site de la Société d’Histoire du Théâtre
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