Le lieu : un huis clos, sorte de rectangle vide, hangar sans ouverture et coupé du monde, vaste conteneur dont l’éclairage proviendrait dont ne sait où. Il y a de soudaines interventions de la musique.
La brutalité, la violence des personnages n’évacuent pas l’humour. Et l’humour n’évacue pas la brutalité et la violence. Et l’émotion.
Ces chiens trop humains sont-ils des mercenaires, des légionnaires de choc, des sous-prolétaires réquisitionnés et dressés pour être envoyés au feu moyennant finance ?
Qui a raison des trois chiens ? Odin, le rottweiler, lui le véritable mercenaire, rusé, revenu de tout, rejetant toute idéologie et toute morale et qui se vend au plus offrant ? John-John, le plus jeune, croisé entre plusieurs races, sorti frais émoulu – et passablement perturbé ! – de la meilleure école de combat et qui se veut résolument fidèle à l’homme ? Emmanuel, le berger allemand, en questionnement sur cette violence, humaniste, éduqué par une jeune maîtresse qui suivait des cours de philosophie ? Ou Cassius, le vieux labrador esquinté qui dirige le concours, figure héroïque et guerrière de l’anti-terrorisme ? Ne serait-ce pas en définitive L’Humain qui cherche le bon équilibre entre la violence de la raison d’Etat et la préservation de la démocratie ?
Chacun à sa manière a ses raisons.
Aujourd’hui, en contraste avec la précédente pièce de Mayorga, Le Cartographe (ample pièce grave autour du ghetto de Varsovie), montée par la compagnie en 2021 au Théâtre de L’Opprimé, Hervé Petit, accompagné d’une partie de la même équipe, a choisi cette allégorie animalière bouffonne et grave, profonde et légère. Un élément dramatique commun cependant aux deux pièces l’a retenu particulièrement : la révélation d’un fait tragique intime dans le cours de chacun des deux récits dramatiques, historique et politique dans Le Cartographe, contemporain, drolatique et d’actualité dans La Paix perpétuelle. Nous n’en dirons pas plus.
Juan Mayorga est né en 1965. Docteur en philosophie‚ professeur de dramaturgie à l’École royale supérieure d’art dramatique de Madrid‚ il est aujourd’hui l’un des auteurs espagnols les plus importants de sa génération. Il est auteur également d’essais sur la politique et sur le rapport de l’écriture dramatique à lʼHistoire. Ce questionnement se retrouve dans la trentaine de pièces qu’il a écrites à ce jour et qui ont quasiment toutes été mises en scène‚ publiées et traduites en plusieurs langues.
C’est un barcelonais, Josep M. Benet i Jornet, grande figure du théâtre catalan contemporain, et dont la cie a monté précédemment quatre de ses pièces traduites du catalan, qui a fait connaître à Hervé Petit le madrilène Juan Mayorga. Josep –Papitu comme on l’appelait dans son pays- nous a quittés récemment. Qu’il lui soit ici rendu hommage.
La paix perpétuelle
de Juan Mayorga
Mise en scène
Hervé PetitAvec
David Decraene, Ariane Elmerich, Raphaël Mondon, Hervé Petit, Nicolas ThinotScénographie et Costumes
Caroline MexmeCréation sonore
Viviane RedeuilhProduction
Compagnie La TraverseEn co-production avec Région Ile-de-France, INAEM (ministère culture Espagne), Spedidam, Ville de Paris.Théatre de l’Epée de bois
Du 19 octobre au 05 novembre 2023
Du jeudi au samedi à 19h
Samedi et dimanche à 14h30
Le samedi 21 octobre à 19h30
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