Le metteur en scène Thomas Jolly (32 ans), révélé lors du festival Impatience de l’Odéon en 2009, formé à l’école du TNB avec Stanislas Nordey s’est lancé dans le pari totalement fou de monter l’œuvre monumentale de Shakespeare Henry VI. Les premiers épisodes créés à Cherbourg en 2012 puis à Rennes ont été suivie de l’intégralé présentée en 2014 au Festival d’Avignon.
Fou, oui c’est fou, car peu de metteurs en scène ont osé se lancer dans cette aventure. Jean-Louis Barrault l’avait fait en 1966 à l’Odéon. Au Festival d’Avignon il y a eu plusieurs version, en 1980 avec des acteurs du Théâtre école de Montreuil (et dans une mise en scène collective avec Christian Schiaretti), et plus récemment en 1994 dans la Cour d’honneur on se souvient de la très belle mise en scène de Stuart Seide avec Philippe Demarle. La version expurgée durait 8 heures. Chez Thomas Jolly, c’est plus long. Le cycle 1 dure plus de 8 heures, et cet été au Festival d’Avignon, le metteur en scène va convier les spectateurs à 16 heures de théâtre !
Henry VI, c’est une véritable saga qui nous plonge dans tout un pan de l’histoire de France et de l’Angleterre : de la guerre des Deux-Roses (Lancastre contre York) en passant par la guerre de cent ans, le mythe de Jeanne d’Arc…et bien sur le règne d’Henry VI, roi qui tente d’exister et aimerait amener la paix autour de lui.
Thomas Jolly fait le choix de l’épopée. Son théâtre est politique, burlesque, parfois rock. Il n’y a pas de temps morts, même s’il y a moins de surprises dans la deuxième partie de l’épisode 2. Attention à la suite…C’est un théâtre de troupe (20 comédiens) et de plateau dans la tradition du théâtre élisabéthain. Il règne toujours un brin de folie. On a aimé les apparitions de Rhapsode (Manon Thorel) qui vient de temps en temps rappeler avec beaucoup d’humour l’action de la pièce et prendre le température auprès du public.
La lecture de la pièce est d’une limpidité exemplaire. Thomas Jolly a le don d’expliquer la généalogie des rois d’Angleterre sans que l’on ait besoin de se plonger dans les manuels d’histoire. Les lumières sont magnifiques (les comédiens sont éclairés sur les côtés, par derrière la scène et jamais en façade). Le jeu est souvent frontal, on sent ici l’esprit de Stanislas Nordey. Certaines sont magnifiques comme le bûcher de Jeanne d’Arc composé d’une montagne de chaises ou les scènes de bataille à Orléans et Bordeaux, très bien chorégraphiées. Il règne une belle énergie.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Henry VI
traduction Line Cottegnies avec Johann Abiola, Damien Avice, Bruno Bayeux, Nathan Bernat, Geoffrey Carey, Gilles Chabrier, Eric Challier, Alexandre Dain, Flora Diguet, Émeline Frémont, Damien Gabriac, Thomas Germaine, Thomas Jolly, Pier Lamandé, Martin Legros, Julie Lerat-Gersant, Charline Porrone, Jean-Marc Talbot, Manon Thorel
Création lumière Léry Chedemail, Thomas Jolly
musiques originales et création son Clément Mirguet
création costumes Sylvette Dequest et Marie Bramsen
production La Piccola Familia
production déléguée du cycle 1 Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-Octeville production déléguée du cycle 2 Théâtre National de Bretagne/Rennes
coproduction Le Trident – Scène nationale de Cherbourg-Octeville ; Quai des Arts/Argentan, dans le cadre des Relais Culturels Régionaux ; Théâtre d’Arras, Scène conventionnée musique et théâtre ; Centre Dramatique Régional de Haute-Normandie/Théâtre des Deux Rives ; Scène nationale Évreux/Louviers ; Geiq-Théâtre en Haute-Normandie; Théâtre de l’Archipel, Scène nationale de Perpignan ; Comédie de Béthune/Centre Dramatique Nord/Pas-de-Calais ; Les Gémeaux, Scène Nationale/Sceaux (en cours)
Thomas Jolly est artiste associé au Théâtre National de Bretagne/Rennes.
Festival Mettre en Scène – TNB
jeudi 6 novembre – Épisode 4 : 19h30 à minuit
samedi 8 novembre – Cycle 1 : 14h à 22h30
dimanche 9 novembre – Cycle 2 : 13h à 21h30
Comédie de Béthune / CDN Nord-Pas-de-Calais 22 et 23 novembre
Les Gémeaux – Sceaux / Scène nationale 3 au 14 décembre
2015
Le Trident / Scène nationale de Cherbourg-Octeville 8 au 17 janvier
Le Bateau Feu / Scène nationale de Dunkerque 28 au 31 janvier
TAP / Théâtre Auditorium de Poitiers 5 au 15 février
Équinoxe / Scène nationale de Châteauroux 8 mars
Odéon – Théâtre de l’Europe / Paris (Ateliers Berthier) 2 au 17 mai
CDN de Haute-Normandie / Rouen 20 juin
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