Hélène Alexandridis, reine de « L’or et la paille » de Barillet et Gredy

C’est sans nul doute la pièce la décalée de ce début d’année : un vieux boulevard de Barillet et Gredy produit par le théâtre public. On doit cette idée à Dominique Bluzet, le directeur du Jeu de Paume à Aix-en-Provence et à la metteuse en scène Jeanne Herry (fille de Miou-Miou et Julien Clerc). Et on s’est laissé prendre au jeu avec plaisir.

Céline Martin Sisteron et Loïc Riewer photo Raphael Arnaud

Pierre Barillet a assisté aux premières représentations à Aix, encore tout étonné de constater que l’on s’intéresse à cette pièce qui n’avait plus été jouée depuis sa création en 1956 sous la direction de Jacques Charon avec Françoise Fabian, Jacques François, Henri Crémieux et Parysis – « une vielle gommeuse du music-hall, une sous Mistinguett » comme aime à le souligner avec malice Pierre Barillet, dont le regard est toujours aussi pétillant. Elle raconte le parcours d’un jeune couple de parasites et de rentiers Géraldine (Céline Martin Sisteron) et Thierry (Loïc Riewer) deux petits snobinards qui rêvent de vivre luxueusement mais qui n’ont pas d’argent. Alors ils mettent le grappin sur des personnes plus âgées qu’ils séduisent. Géraldine jette son dévolu sur Monsieur Guichard (merveilleux Olivier Broche – ancien compère des Deschiens) et Thierry sur Cora, la veuve d’un propriétaire minier colombier.

Cora est le personnage le plus truculent de la pièce. C’est une ancienne chanteuse de cabaret. Hélène Alexandridis en fait un personnage délirant et irrésistible, dans la lignée des grands rôles interprétés par Jacqueline Maillan. Sans sa présence dans la production, la pièce serait anecdotique. L’arrivée de ce personnage dans le déroulé de l’action au milieu du spectacle (elle joue aussi au tout début le rôle d’un chauffeur de taxi parisien plus vrai que nature !) donne un sacré coup de fouet à une mise en scène qui tarde un peu à monter en puissance. On s’ennuie dans la première heure, la dynamique a beaucoup de mal à s’installer et le rire est figé. Les dialogues ne claquent pas. Mais quand arrive Cora, alors là tout s’emballe. Hélène Alexandridis emporte tout sur son passage. Sa force comique écrase les autres personnages. Et l’on rit avec grand plaisir. Jeanne Herry s’est permise d’ajouter au texte une chanson pour donner à la personnalité de Cora encore plus d’épaisseur. « La chicorée frisée » est un grand moment.

Au bout du compte, la pièce n’est pas déplaisante, même si le début est un peu long et mériterait d’être resserré. Elle permet en tout cas à Barillet et Grédy d’être joué de leur vivant dans des théâtres publics. Comme quoi tout arrive ! A quand « Lily et Lily » à l’Odéon, « Folle Amanda » à la Colline ou « Fleur de Cactus » à Chaillot ? Bon là il ne faut peut-être pas trop rêver !

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

L’Or et la Paille
Barillet et Gredy, Jeanne Herry
Une pièce de
Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy
Mise en scène
Jeanne Herry
Avec
Hélène Alexandridis
Olivier Broche
Céline Martin Sisteron
Loïc Riewer
Scénographie et costumes
Jane Joyet
Création lumières
Jean-François Durante
Chorégraphies
Caroline Marcade
Perruquier et maquillages
Cécile Kreshmer
Création des costumes
Rachida Bengherbi
assistée de
Sabine Malatrait
Création des décors
Théâtre du Jeu de Paume

Résidence de création à partir du 29 décembre 2014 au Théâtre du Jeu de Paume [Aix-en-Provence]
Production déléguée Théâtre du Jeu de Paume [Aix-en-Provence]
Coproduction Théâtre Liberté [Toulon]
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National

Durée: 2h

Théâtre du Jeu de Paume – Aix-en-Provence
Création Du 16 au 22 janvier 215
Théâtre Liberté – Toulon
Les 29 et 30 janvier
Théâtre Municipal – Caen
Les 3, 4 et 5 Février
Théâtre du Rond-Point – Paris
Du 4 mars au 11 avril
TOP – Théâtre de l’Ouest Parisien – Boulogne Billancourt
Les 15,16 et 17 avril
La Comète Scène Nationale – Châlons-en-Champagne
Les 20 et 21 avril
Théâtre de La Manufacture – Nancy
Les 6 et 7 mai