Congo Jazz Band de Mohamed Kacimi, dans la mise en scène d’Hassane Kassi Kouyaté, créée au Festival Les Zébrures d’Automne à Limoges, sonne comme une réponse éclatante à toutes les interrogations qui ressurgissent à l’occasion du débat sur l’histoire coloniale.
Dès les premières minutes, on est plongé au cœur Congo et ses des airs de rumba. « Le Congo, c’est hallucinant, vivant, tragique, comique » clament les six comédien.e.s-musicien.e.s qui pendant deux heures racontent l’histoire de leur pays dans une ambiance de cabaret, sur une scène ouverte de concert, dans une sorte de décor de show télévisé avec six praticables éclatés sur toute la largeur du plateau. En avancée, un large espace, permet de se focaliser sur les moments historiques magnifiquement décrits par la plume de Mohamed Kacimi.
Léopold II, le roi des belges veut « une colonie d’urgence ». Il mandate Henry Morton Stanley, journaliste et explorateur britannique pour faire le sale boulot. Pendant cinq ans, il est le représentant officiel de Léopold II au Congo. Son action permet au roi de devenir propriétaire du pays et de ses 2,5 millions de kilomètres carrés. Il réquisitionne les terres, pille les sols. Les militaires belges violent les femmes. « J’ai trop rêvé d’être le pharaon du Nil » dit Criss Niangouna qui endosse le personnage de Léopold II. Puis vient le temps de l’indépendance, et des cicatrices non refermées. Patrice Lumumba devient le premier Premier ministre de la République démocratique du Congo, il est assassiné, et le Congo sombre dans les années de dictature du régime Mobutu.
Il y a de la tragédie shakespearienne dans le texte de Mohamed Kacimi quand il décrit le couple Léopold II et sa femme Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine (même si elle est l’anti Lady Macbeth, consciente de la folie destructice et colonisatrice de son mari). Les deux artistes regardent l’histoire en face, sans préjugés, sans monter les uns contre les autres. L’écriture tout en finesse de Mohamed Kacimi dit les choses, frontalement. « Je rêve de créer un Etat nègre dirigé par les blancs » fait-il dire à Léopold II. Hassane Kassi Kouyaté répond à cela dans sa mise en scène par la musique orchestrée par les trois comédiennes-musiciennes, Alvi Bitemo, Dominique Larose et Miss Nath qui enflamment le plateau. Marcel Mankita, Criss Niangouna et Abdon Fortuné Koumbha racontent l’histoire de leur pays dans la tradition des griots, et s’emparent de ce drame avec une justesse de jeu incroyable. Hassane Kassi Kouyaté frappe un grand coup avec cette pièce qui n’épargne ni les européens, ni les dictateurs africains.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Congo Jazz band de Mohamed Kacimi
Mise en scène Hassane Kouyaté
Assistante à la mise en scène Astrid Mercier
Avec Alvi Bitemo, Dominique Larose, Miss Nath, Abdon Fortuné Kumbja Kaf, Marcel Mankita, Criss Niangouna
Création numérique David Gumbs
Scénographie Yssouf Yaguibou
Création lumières Cyril Mulon
Costumes Anuncia BlaasProduction Les Francophonies – Des écritures à la scène
Coproduction Cie deux temps Trois mouvements,Tropiques Atrium, Le Manège-Scène nationale de Maubeuge
Avec le soutien de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle, l’OARA, de la spedidam et de la CITF
Accueil en partenariat avec l’Opéra de LimogesDurée: 2h
Les Francophonies – Des écritures à la scène à l’Opéra de Limoges
24 septembre
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26 septembre
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