Hard, tout en finesse

Passage réussi de l’écran à la scène pour Hard, série diffusée sur Canal + pendant trois saisons. L’adaptation de Bruno Gaccio et le talent des acteurs dirigés par Nicolas Briançon permettent de parler avec humour de la pornographie. Le Théâtre de la Renaissance en rougit de plaisir.

Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, avec l’arrivée du web, la pornographie est entrée dans tous les foyers français. Il est bien loin le temps où il fallait attendre une heure du matin, dans la nuit de samedi à dimanche pour apercevoir un film X sur Canal +. Aujourd’hui, un seul clic suffit. Alors pourquoi ne évoquer pas ce sujet au théâtre ? On imagine les interrogations qui ont été celles de Morgan Spillemaecker, le directeur du Théâtre de la Renaissance et de Nicolas Briançon, le metteur en scène de la pièce quand ils ont commencé à parler du projet ! Une pièce sur le cul dans le théâtre qui a été dirigé par Sarah Bernhardt.

Claire Borotra incarne une jeune femme veuve, catholique pratiquante. Elle hérite de la société de son mari qui lui a tout caché de ses activités. Il dirigeait une société de production de films pornographiques. Elle plonge dans un monde inconnu. La grande idée de cette adaptation au théâtre est d’avoir construit une belle histoire d’amour entre cette jeune femme et la hardeur vedette des studios, Roy Lapoutre. François Vincentelli reprend ainsi son rôle iconique. Avec Stephan Wojtowicz qui interprète Pierre, le réalisateur des films de la société de production, ils sont les deux seuls rescapés de la série télé.

La gauloiserie est au rendez-vous, elle est fine, elle dédramatise l’univers de la pornographie. L’exercice était délicat pour Bruno Gaccio surtout au moment où le mouvement #metoo lutte à juste titre contre le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles. Ici les personnages de la pièce sont des adultes consentants. Rien n’est provocant sur scène, même pas les poings en latex ou autres objets sexuels qui trônent comme des œuvres d’art dans un musée !

Dans cette agence des fantasmes, on parle de tout. De l’homosexualité, de la sexualité des vieux (Nicole Croisille incarne une lesbienne très bien dans sa peau), de la revitalisation de l’érection. Mais il y a aussi beaucoup d’amour entre tous ces personnages. Claire Borotra met du sentiment, de la distance et de l’humanité dans son jeu. La pièce brise les tabous, le rire est un bon exutoire quand il est savamment bien irrévérencieux.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

« HARD »
Avec François VINCENTELLI, Claire BOROTRA, Nicole CROISILLE, Isabelle VITARI, Charlie DUPONT et Stéphan WOJTOWICZ
D’après la série de Cathy VERNET
Adaptation Bruno GACCIO et Alexis TREGAROT
Mise en scène Nicolas BRIANCON
Durée: 1h30

THEATRE DE LA RENAISSANCE
A partir du 2 octobre 2018
Du mardi au samedi à 21h00, les samedis et dimanche à 16h30