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Un Richard III tendance Grand-Guignol !

À la une, Annemasse, Clamart, Créteil, Les critiques, Moyen, Nîmes, Sète, Théâtre, Toulouse, Versailles

photo Erik Damiano

Un théâtre festif qui n’hésite pas à bousculer les classiques. Guillaume Séverac-Schmitz et sa compagnie Eudémonia en font une marque de fabrique qui trouve certaines limites dans cette version électrique de Richard III.

C’est par excellence le genre de spectacle qui divise. Un texte classique. Une traduction/adaptation qui le réaménage. Une mise en scène spectaculaire dans le ton et l’esthétique. Jusqu’à un épisode interactif avec les spectateurs. Tout y est. D’un côté pour contenter celles et ceux qui se réjouiront de voir Shakespeare prendre un coup de jeune et passionner une salle garnie de scolaires. De l’autre pour mécontenter celles et ceux qui regretteront les écarts à la tradition et une approche trop irrévérencieuse pour un tel monument. En jeu : Richard III, pièce de Shakespeare peut-être la plus sanglante de ses pièces historiques, qui raconte l’ascension et la chute finale du personnage éponyme qui élimine tous ceux l’empêchant d’accéder au trône, avant d’être renversé à son tour. « Un cheval, mon royaume pour un cheval » l’a gravée dans le marbre. La mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz, qui s’appuie sur un travail du texte mené par Clément Camar Mercier, poursuit l’objectif de créer « un spectacle populaire et exigeant, spectaculaire et intimiste, qui place au centre les actrices et les acteurs ».

Traduction dans les faits : une scénographie dépouillée et spectaculaire. Sur le grand plateau de l’immense salle de la MAC de Créteil, un plateau quasi-nu. En fond de scène, sur toute la largeur, un rideau de lamelles pailletées façon show télé disco, surmonté d’une rampe de puissants projecteurs, et sur les côtés, des structures métalliques pour accueillir les feux latéraux. Deux grands ponts d’ escaliers mobiles traversent le rideau de fond, comme pour matérialiser des entrées de château. De hauts escabeaux roulants assureront le mouvement et la verticalité dans la deuxième partie du spectacle. Et sur scène, un Richard III diabolique, interprété par un Thibault Perrenoud survolté, tour à tour taquin, cruel ou inquiétant, qui ambiance le plateau. Dégomme ses rivaux comme au ball-trap. Avant de se faire rattraper par le Comte de Richmond, futur Henry VII. Si elles étaient familières du spectateur élisabéthain, les figures historiques ici convoquées nous sont bien étrangères, et rendent l’intrigue complexe. L’intérêt de la pièce est alors largement subordonné, pour nous, spectateurs contemporains, à ce personnage central. Boiteux séducteur, monstre bossu mais sûr de lui, harangueur hors pair et tueur sans conscience, le Richard III incarné par le compagnon de route du metteur en scène – il incarnait déjà Richard II il y a cinq ans – y apparaît comme un personnage à la fois détestable et drôle, qui se joue de chacun de ses auditoires avec une aisance inouïe. Bateleur à l’âme noire qui entourloupe et poignarde à l’envi, le monstre finira seul, comme il avait commencé. On regrettera que Perrenoud n’en montre pas assez les failles pour nous le rendre sympathique autrement que via son incroyable culot et son amorale cruauté, qui développent il est vrai une capacité d’entraînement dans le mal assez stupéfiante.

Si ce Richard III fascine également par son énergie, il faut dire que toute la troupe carbure comme lui. Engagée, joueuse, survoltée même parfois, un peu braillarde, le plateau envoie ainsi dans les hautes fréquences un ton qui manque de ruptures, sur un rythme échevelé qui finit par devenir monotone. On retrouve bien de Shakespeare ces retournements de tons, en passages rapides du tragique au burlesque, du poétique au graveleux, du lyrique au jeu de mots, toute cette joie du théâtre et du langage à laquelle notre Richard III ne tourne pas le dos. L’ensemble est puissant. Alerte et mouvementé. Ponctué de surprises, de retournements. L’univers sombre, les visages grimaçants, la folie du pouvoir envahissent un plateau où s’exhibe toute la théâtralité du pouvoir. On y entend parfaitement la démesure shakespearienne, ses traits d’esprit, ses combats rhétoriques qui traversent notre vide existentiel. Et l’histoire d’une époque épuisée par les guerres et la violence y rencontre la course de la nôtre, en perte de repères. Mais une tendance excessive à l’ironie et à la parodie déséquilibrent l’édifice. Et l’on peine avec le caractère globalement grand-guignolesque du spectacle à ne pas y rester extérieur, notamment à s’attacher aux personnages, à comprendre les ressorts des situations, que le caractère complexe de l’action rendait par nature difficiles à appréhender.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Richard III
Texte de William Shakespeare
Conception et mise en scène Guillaume Séverac-Schmitz
Traduction et Adaptation Clément Camar Mercier
Avec Jean Alibert, Louis Atlan, Martin Campestre, Aurore Paris, Thibault Perrenoud, Nicolas Pirson, Julie Recoing, Anne-Laure Tondu et Gonzague Van Bervesselès
Scénographie Emmanuel Clolus
Conseillère artistique Hortense Girard
Création lumière Philippe Berthomé
Création son Géraldine Belin
Création costumes et maquillage Emmanuelle Thomas
Régisseur général Jean-Philippe Bocquet
Régisseur lumière Léo Grosperrin
Administration, production et développement Dantès Pigeard – Eudaimonia
Photos et vidéos Loran Chourrau et Erik Damiano – Le Petit Cowboy
Construction du décor atelier du Théâtre de la Cité – CDN de Toulouse Occitanie
Coproduction La MAC – Maison des Arts de Créteil, le ThéâtredelaCité – CDN de Toulouse Occitanie, le Théâtre de Caen, Théâtre Montansier-Versailles, le théâtre de Nîmes- scène conventionnée , Château Rouge – scène conventionnée d’Annemasse, le théâtre Jean Arp – scène conventionnée de Clamart, Le Cratère – scène nationale d’Alès, Le Molière Sète, scène nationale archipel de Thau
Avec le soutien du Conseil départemental de l’Aude, de la région Occitanie, du ministère de la Culture-DRAC Occitanie et de l’Adami
Et la participation artistique du Jeune Théâtre National

Durée : 3h20 entracte compris

Théâtre de Châtillon – Clamart les 17 et 18 février 2023
Théâtre-Cinéma – Narbonne les 8 et 9 mars 2023
Théâtre Jacques Coeur – Lattes le 23 mars 2023
Théâtre Montansier – Versailles du 18 au 21 avril 2023
Théâtre de Caen les 1er et 2 juin 2023
Théâtre de la Cité, CDN Toulouse-Occitanie du 8 au 14 novembre 2023
Théâtre de Nîmes les 22 et 23 novembre 2023
Le Cratère – Scène nationale d’Alès les 28 et 29 novembre 2023
Théâtre Molière – Scène nationale Archipel de Thau – les 5 et 6 décembre 2023

12 février 2023/par Eric Demey
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1 réponse
  1. Blancbijon
    Blancbijon dit :
    24 novembre 2023 à 1 h 20 min

    Absolument enthousiaste ! Une version qui renvoie au Shakespeare du Globe. Jouissif.

    Répondre

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