Guillaume Gallienne en Lucrèce Borgia dirigé par Denis Podalydès, le projet sur le papier est alléchant. Mais cette dernière production de l’année à la Comédie-Française ne nous a pas convaincue. Critique à l’issue de la création en mai 2014
C’est lendemain de fête à Venise, une gondole est échouée sur la lagune, « un événement sinistre et ténébreux » va se dérouler sous nos yeux. Guillaume Gallienne arrive torse nu sur la jetée, des pages installent des planches au fur et à mesure pour éviter que Lucrèce ne se mouille. Puis il enfile une robe noire et se voile. Les personnages arborent des masques vénitiens dessines par Louis Arène. Le début du spectacle est réussi. Les images en clair-obscure semblent sorties des peintures de Goya, et la toile de fond ressemble à un Turner. On se dit alors que les ingrédients sont réunis pour que cette version de la pièce de Victor Hugo soit à la hauteur de l’attente de cette production qui marque le retour de Guillaume Gallienne, désormais star du cinéma, dans sa famille théâtrale. Mais la démarche de Denis Podalydès tombe très vite dans un théâtre classique qui plombe la suite du spectacle. L’ensemble devient très vite vieillot et l’idée de départ très bonne de jouer sur le genre et l’inversion des sexes n’a finalement que peu d’intérêt. Heureusement Guillaume Gallienne évite de tomber dans le cliché de la tragédienne éplorée, son travail très léger sur la voix permet d’éviter la caricature car il reste lui-même mais le spectacle ne décolle pas vraiment. Il y a de la justesse dans le jeu mais de la pesanteur sur la scène.
Eric Ruf dans la rôle de Don Alphonse relève un peu la flamme. Suliane Brahim dans celui de Gennaro ne donne pas suffisamment de nervosité au personnage. Et Christian Hecq dans celui du confident espagnol, Gubetta, joue comme toujours sur le registre de l’espièglerie. Il fait le job comme on dit mais on commencerait presque à se laisser…
Alors en sortant de cette représentation qui rassemble le noyau dur des anti Murielle Mayette-Holtz, les frondeurs qui ne souhaitent plus qu’elle dirige l’institution, on se dit que cette institution a vraiment besoin de dynamisme et d’audace artistique. Et certainement besoin d’un regard extérieur pour la diriger. Le changement a parfois du bon.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Lucrèce Borgia
drame en trois actes de Victor Hugo
mise en scène Denis Podalydès
avec
Éric RUF (à la création) puis Thierry Hancisse Don Alphonse d’Este
Éric GÉNOVÈSE Jeppo Liveretto
Guillaume GALLIENNE Lucrèce Borgia
Christian HECQ Gubetta
Gilles DAVID Rustighello
Stéphane VARUPENNE Maffio Orsini
Suliane BRAHIM Gennaro
Georgia SCALLIET la Princesse Negroni
Elliot JENICOT Astolfo et Montefeltro en alternance avec Christian Gonon
Benjamin LAVERNHE Oloferno Vitellozzo
Sébastien POUDEROUX Don Apostolo
et les élèves-comédiens de la Comédie-Française Heidi-Eva Clavier, Lola Felouzis, Pauline Tricot, trois femmes et trois soldats, Paul McAleer, Ascanio
Scénographie Éric RUF
Costumes Christian LACROIX
Lumières Stéphanie DANIEL
Création sonore Bernard VALLERY
Maquillages et effets spéciaux Dominique COLLADANT
Masques Louis ARENE
Travail chorégraphique Kaori ITO
Assistante à la mise en scène Alison HORNUS
Assistante à la scénographie Dominique SCHMITT
Assistantes aux maquillages Laurence AUÉ et Muriel BAURENS
Du 14 avril au 19 juillet 2015
Serait-il envisageable de publier un article qui ne comporte pas une erreur de langue ou d’orthographe à chaque ligne?
Gallienne et Podalydès eux, au moins, ne font pas un tel massacre de la langue française.