C’est l’événement de cette fin de saison à la Comédie-Française: Guillaume Gallienne est Lucrèce Borgia. Denys Podalydès l’a convaincu d’endosser le rôle de cette femme empoisonneuse et sanguinaire. Un rôle de femme de plus. Cela risque de lui coller à la peau. Le sociétaire le sait bien et il assure que c’est la dernière fois qu’il endosse un rôle féminin.
Quelle a été la genèse du projet ?
C’est Denis Podalydès qui est venu me voir et qui m’a proposé le rôle. Je lui ai dis « pourquoi ? ». Il m’a répondu « parce que Victor Hugo explique qu’il a écrit la pièce pour raconter la perle au fond du monstre, et j’ai pensé à toi ! Je trouve qu’il y a une femme enfermée en toi. » Elle n’est pas si enfermée que cela !
Est-ce que c’était avant « Les garçons et Guillaume, à table » ?
Non, car je l’avais déjà joué au théâtre, en revanche c’était avant le film. Je crois que j’aurais dit non sinon. Denis a beaucoup cherché pendant les répétitions et il n’a pas souhaité que je joue une femme. « Je veux que tu partes de toi » me disait-il.
Justement au début du spectacle vous apparaissez en homme et vous êtes vous-même
Cela a été une très grande idée d’enlever tout ce qui pouvait se rapprocher à une transformation. Il n’y en a pas. C’est un peu à l’anglaise, c’est un acteur qui endosse un rôle, qui fait vibrer, et il se trouve que ce rôle est une femme, une mère, un monstre, une grande criminelle.
Dans la pièce le personnage se révèle beaucoup plus humaine que la représentation traditionnelle de Lucrèce Borgia.
C’est tout l’argument de Victor Hugo qui a été le premier à se battre contre le peine de mort. Il a été fasciné par les monstres. C’est l’humanité au fond de la laideur.. Oui c’est une empoisonneuse et un monstre, mais elle a une humanité qui est sa maternité. Lorsque Lucrèce dit « lorsque l’on est entrainé par un courant de crimes on ne s’arrête pas quand on veut », c’est vrai qu’elle est poursuivie par cette réputation. Elle est étiquetée à vie. C’était pas une câline non plus !
Le fils de Lucrèce est interprété par Suliame Brahim, donc l’adaptation joue aussi sur le genre
C’était l’idée de Denis dès le départ. Une actrice de 30 ans qui joue un jeune homme c’est une convention qui existe dans le théâtre. Je n’ai aucune envie de me spécialiser en Agatha. Je trouve que la boucle est bouclée, maintenant on va passer à d’autres choses.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON
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