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« Trois contes et quelques », les contes version trash et glam

A voir, Avignon, Châtillon, Les critiques, Théâtre
Groupe Merci crée Trois contes et quelques au Festival Off d'Avignon 2024
Groupe Merci crée Trois contes et quelques au Festival Off d'Avignon 2024

Photo Luc Jennepin

De retour au Festival d’Avignon, le groupe Merci y propose sa nouvelle création. Écrit par Emmanuel Adely, l’ensemble revisite et décape par la langue, comme par la mise en scène alerte, des contes bien connus de toustes.

Initialement écrit pour l’ensemble de musique Cairn, Trois contes et quelques de l’auteur français Emmanuel Adely revisite quatre contes : Peau d’âne, Le Petit chaperon rouge, Barbe Bleue et Blanche-Neige et les Sept Nains. Si le groupe Merci n’en adapte que trois, la précision « et quelques » conserve toute sa pertinence. Car, des intermèdes ponctuant chaque conte et convoquant les signifiants d’autres – la pomme de Blanche-Neige, la pantoufle de Cendrillon, les cailloux du Petit Poucet – à la présence de Charles Perrault, figure tutélaire et littéralement premier spectateur du spectacle à venir, il s’agit bien pour Adely comme pour le groupe Merci de travailler ce qui structure les contes : leur morale, avouée comme inavouable, et la façon dont, par leur forme et leur langue, ils s’inscrivent dans le temps.

Mais reprenons. Lorsque le public prend place dans la cour du Musée Angladon, il découvre autant le dispositif scénographique que Charles Perrault. Installé dans un fauteuil – posé sur une mini estrade située au bout du premier rang –, perruqué, poudré, avec une mise au diapason du coloris moutarde de son siège, l’illustre auteur est déjà plongé dans la contemplation du mini-golf qui lui fait face. Car oui, c’est bien un mini-golf que la scénographie déploie, avec ses fanions, ses dénivelés, son gazon (en plastique) – le tout ceint de rubans de signalisation. Le rapport entre ce jeu – pratiqué à tous les âges et au décor artificiel – et les contes ? Disons que ce décalage signale le déplacement opéré par la réécriture d’Emmanuel Adely, comme par la mise en scène et l’interprétation. Tout en offrant, au passage, de multiples possibilités de jeu, cette pelouse factice devenant, si besoin, une planque pour des objets ou autres corps d’enfants. C’est là que les deux conteurs, identiquement vêtus de pantalons et de chemises écrues – des vêtements neutres qui évoquent ceux d’employés du mini-golf –, vont faire leur entrée, assis sur un drôle de véhicule à chenilles. Un choix aux accents absurdes, qui vient (qui sait ?) rappeler le dynamitage des contes à venir. Et ce mini char ne se privera pas, en toute autonomie, de traverser la scène au gré de la représentation, semant la terreur parmi le duo.

Dans cet espace où tout, déjà, signale la distanciation, l’ironie, le goût de la dérision, Georges Campagnac et Pierre-Jean Etienne vont porter, avec précision et un humour pince-sans-rire au cordeau, le récit des trois contes. Et les quelques premières minutes suffisent à donner le ton – particulièrement efficace et savoureux par la langue comme la position de réécriture – de l’ensemble. Avec sérieux, déplaçant des objets, dans un ping-pong de récit où le discours indirect est traversé de dialogues directs, le duo raconte les trois itinéraires. Celui de Peau d’âne – devenue « peau d’huile » ; du Chaperon rouge devenu Lou, un enfant qui pourrait tout aussi bien être un petit garçon qu’une petite fille ; et de la jeune femme qui épouse et démasque Barbe Bleue – et dont seul le prénom de sa sœur, Anne, est connu.

C’est peu de dire que l’actualisation fait initialement mouche. Langue percutante, phrases offrant de cocasses et cinglantes punchlines, écriture vive et acérée, déplacement des histoires dans un monde néolibéral dominé par la facticité – on y revient – et la superficialité : les rois et les princesses sont obnubilés par la mode, l’argent, les réseaux sociaux, le nombre de followers, la prochaine réception… Qu’il s’agisse de l’écriture, du décalage produit par cette réécriture ou du jeu équilibré et prolongeant le ton caustique de l’auteur, l’ensemble saisit. Il y a bien une indéniable efficacité, une intelligence et un humour mordant. Et puis se révèle plus précisément, au fil des contes, la démarche d’Emmanuel Adely. Ce n’est pas une actualisation au sens de celle entreprise par Joël Pommerat que l’auteur réalise. Là où Pommerat s’attache à déplacer la morale, à la modifier pour l’adapter à notre monde contemporain, Adely en révèle des traits déjà présents, en accentue d’autres en nous plaçant dans des références contemporaines.

Et du Barbe Bleue version Perrault au « serial lover » d’Adely, la mère de la jeune femme et sa fille demeurent mues par l’argent, intéressées par cet homme pour le confort de vie qu’il propose – vivant comme mort. Idem pour le Chaperon rouge, qui évoque toujours les dangers que constituent les adultes – les hommes, surtout – pour des enfants considérés comme des proies sexuelles. Dans ce conte-ci, chez Adely, les agressions et violences sont amplifiées avec puissance et pertinence par une écriture travaillant les listes, les énumérations, les répétitions. Ces Trois contes et quelques se révèlent alors comme un exercice de style d’écriture où la rupture réside majoritairement dans le rapport à la temporalité comme dans la langue : alors que les contes se déroulent traditionnellement dans un passé mythique, tout dans ces contes-ci fait signe vers notre société – et ses pires travers. Côté texte comme côté mise en scène et interprétation d’acteurs, l’ensemble se donne comme une création rondement menée à la langue preste, où le travail sur les ruptures sert notamment à convoquer le rire et à susciter l’adhésion du public par le déploiement de ces ressorts comiques.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Trois contes et quelques
Texte Emmanuel Adely
Mise en scène et scénographie Joël Fesel
Avec et par Georges Campagnac, Pierre-Jean Etienne, Raphaël Sevet

Accompagnement à la dramaturgie Bastien Passeron
Construction Alexander Bugel
Regard extérieur Pierre Déaux
Régie générale Raphaël Sevet

Production Groupe Merci
Coproduction Pronomade(s), Centre National des Arts de la Rue ; L’Espace Public, Encausse-les-Thermes
Résidences Pronomade(s), Encausse-les-Thermes ; Compagnie 111 – Aurélien Bory / Ancien Théâtre de la Digue

Durée : 1h15

Festival Off d’Avignon 2024
La Manufacture
du 4 au 21 juillet (sauf les 10 et 17), à 10h30

Pronomade(s), Centre national des arts de la rue, Encausse-les-Thermes
du 12 au 14 septembre

Théâtre de Châtillon, dans le cadre de Play mobile
le 21 septembre

11 juillet 2024/par Caroline Chatelet
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1 réponse
  1. Franck Morelle
    Franck Morelle dit :
    15 juillet 2024 à 12 h 20 min

    Performance des Artistes,
    Écriture,
    Mise en scène.
    Un immense bravo à toute l’équipe !
    Rappel
    UN IMMENSE BRAVO À TOUTE L’ÉQUIPE !

    Répondre

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