Drôle d’objet que ce On est sauvage comme on peut, raté dans sa première partie et d’une audace plutôt heureuse dans sa seconde, le tout sur fond de sauvagerie humaine.
On ne dévoilera pas ici ce qui constitue le point de bascule d’On est sauvage comme on peut, spectacle créé par le collectif belge Greta Koetz. On ne divulgâchera pas, comme il faut dire dorénavant en bonne francophonie, mais on révélera quand même que ce point de bascule constitue un véritable tournant dans le spectacle.
Auparavant, l’ensemble est assez ennuyeux. Les jeunes comédiens de Greta Koetz travaillent beaucoup à partir d’improvisations et cherchent à être au présent au plateau en ne fixant pas le texte. Comme certains de leurs camarades qui affectionnent ce procédé – Les Chiens de Navarre ou le collectif In Vitro par exemple –, l’exercice débouche sur une pièce à table, où les personnages sont réunis autour d’un repas.
Or, cette énième version est extrêmement prévisible. Sans aucune surprise dans son déroulé, elle esquisse une critique standard du couple bien comme il faut et des convenances sociales qui cimentent les rapports dans ce genre de dîner en ville. Rien d’horrible, mais on s’ennuie ferme face à ces deux couples où les hommes, surtout, ont la parole, où les difficultés à communiquer sont soulignées par des silences gênés ou des bavardages qui n’intéressent plus personne. Adresses public et distribution sympathique de cacahuètes n’y changeant rien.
Puis, vient le point de bascule, au mitan du spectacle. On est sauvage comme on peut prend alors une direction nouvelle, bien loin de la satire initiale, et propose un nœud dramatique avec lequel on se demande bien comment les comédiens vont pouvoir se débrouiller. Il leur faut pour cela en passer par quelques morceaux de bravoure – comme la préparation et l’ingestion d’un chiffon cake ou un emprunt à la langue animale de Jana Cerna – qui leur permettent d’aboutir à une fin cohérente et de remporter le défi lancé. S’il est avant tout question dans ce spectacle du besoin de se sentir vivant, de ne pas se laisser happer par les convenances et la routine de vivre, souhaitons donc que le collectif Greta Koetz poursuive son travail dans la direction qu’il rejoint in fine, du déraillant et de l’inédit.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
On est sauvage comme on peut
Une création du Collectif Greta Koetz
De et avec Marie Bourin, Antoine Cogniaux, Sami Dubot, Thomas Dubot, Léa Romagny
Création lumières Nicolas Marty
Répétiteur chant Jean-Pierre Urbano
Son Maxime Glaude
Construction décors et costumes Ateliers du Théâtre National Wallonie-BruxellesProduction Collectif Greta Koetz
Coproduction Théâtre National Wallonie-Bruxelles, MARS – Mons Arts de la Scène, Fondation Mons 2025, Maison de la Culture de Tournai, Coop asbl et Shelter Prod
Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles Service du Théâtre (CAPT)
Avec le soutien de taxshelter.be, ING et tax-shelter du gouvernement fédéral belge, ESACT-Conservatoire de Liège – «Tremplin Pépites & Co», L’ANCRE/Charleroi, La Chaufferie-Acte1, Festival de Liège, Festival «Écoles de passage» – MetzLe Collectif Greta Koetz bénéficie de l’accompagnement de la Cie ARTARA dans le cadre de son activité d’aide à l’insertion et à la structuration professionnelle de jeunes artistes
Durée : 1h20
Festival Off d’Avignon 2019
Théâtre des Doms
du 5 au 27 juillet à 19h40 – Relâches les 10, 16 et 23 juillet
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