Dans le documentaire de Marie-Hélène Rebois Good Boy, histoire d’un solo, la mémoire se conjugue au présent. A découvrir -en ligne- sur www.25eheure.com dès ce soir à 19h. Il sera projeté le 13 juillet à 22h au Théâtre de l’Agora à Montpellier Danse dans le cadre du cycle Cinémagora.
« Good Boy parlait du SIDA. Mais j’ai fait une œuvre. Je ne veux pas être Monsieur SIDA. Je suis du côté des vivants ». Ces mots d’Alain Buffard, en ouverture de Good Boy, histoire d’un solo, disent assez bien le rapport du danseur et chorégraphe à sa création –et au-delà, au corps. En 1998, Good Boy fait l’effet d’une déflagration. Qui n’aura de cesse, depuis, de marquer les esprits. Ainsi après la reprise de la pièce an Centre National de la danse à Pantin en 2017 puis la publication d’un livre en 2020, le documentaire sensible de Marie-Hélène Rebois vient compléter cette « trilogie ». Les images d’hier et d’aujourd’hui alternent à l’écran dans un bel assemblage. Témoignages et archives dialoguent sans fin.
La caméra épouse les traits de Mattieu Doze en pleine séance de préparation –tondeuse à la main. « Alain rasait son corps en entier » témoigne le danseur sur les épaules duquel reposera ce Good Boy réactivé. Tout y est ou presque comme le cérémonial –les strips et les slips blancs, plus tard les boîtes de médicaments transformés en talons au pied-. Cette œuvre a changé ma vie dit Elisabeth Lebovici. « On voit quelqu’un qui est en train d ‘essayer de vivre avec ce corps, de se reconstituer. Et cela me bouleverse ». Et l’historienne de l’art d’évoquer ce solo témoin d’un corps qui peut survivre alors que les trithérapies sont enfin sur le marché à partir de 1996. Matthieu Doze parle de ces années 90 où Alain Buffard, malade, décide d’arrêter son « métier » d’interprète car « son corps ne lui appartient plus d’une certaine manière. Il reviendra par la suite sur sa décision, Good Boy en étant la preuve éclatante.
On apprend d’autres choses, comme les goûts musicaux de Buffard. Jacqueline Caux, grande spécialiste des courants modernes américains, s’arrête, elle, sur « une sensibilité, une vulnérabilité et une dignité qui s’impose face au public » à propos de Good Boy. « Une complexité d’émotions pour celui qui regarde ». On ne serait dire mieux. Jacqueline Caux revient également sur la rencontre primordiale entre Buffard et la chorégraphe américaine Anna Halprin – un des chocs dans la vie du français. Solo politique, loin de la virtuosité de Forsythe ou de l’humour de Jérôme Bel, Good Boy a traversé deux décennies. Certains ont ainsi découvert la version Doze, d’autres étaient à la première à la Ménagerie de Verre 20 ans plus tôt. Good Boy est ce frisson sur la peau, une danse de l’intime si généreuse. Des extraits de Good For ou de Mauvais Genre ponctuent le documentaire. Mais c’est encore et toujours Good Boy qui nous interpelle. Ce bon garçon d’Alain Buffard nous manque terriblement.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Good Boy histoire d’un solo, documentaire de Marie-Hélène Rebois. Une projection sera mise en ligne pour le public sur le site de la www.25eheure.com le jeudi 15 avril 2021 à 19h. Une rencontre autour du film sera disponible sur le site centrepompidou.fr.
Il sera projeté le 13 juillet à 22h au Théâtre de l’Agora à Montpellier Danse dans le cadre du cycle Cinémagora.
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