Le domicile du metteur en scène russe Kirill Serebrennikov et son théâtre, le Gogol Center ont été perquisitionnés mardi par des enquêteurs russes dans le cadre d’une enquête concernant un détournement de fonds publics présumés. Il a été interrogé pendant plusieurs heures mais n’a pas été inculpé. Deux ex-responsables du Studio-7 ont été également interpellés dans le cadre de cette affaire qui porte sur l’utilisation présumée frauduleuse de 200 millions de roubles (3,1 millions d’euros au taux actuel).
« Ce qui a été fait au metteur en scène n’est pas correct: c’est un artiste, d’après ce que je sais, ce n’est pas lui qui était responsable des finances », a réagit le directeur du Bolchoï Vladimir Ourine, cité par les agences russes. « Je suis complètement sous le choc« , a déclaré à des journalistes Kirill Serebrennikov au moment où il était escorté hors de son appartement par des enquêteurs. Les acteurs venus répéter l’adaptation du célèbre roman de Nicolas Gogol « Les Âmes mortes » ont vu leurs téléphones confisqués par les enquêteurs, qui les ont forcés à rester sur place le temps de la perquisition, selon la télévision russe.
Avec la radicalité de ses spectacles, ses interprétations d’œuvres classiques ou encore des ballets d’avant-garde, Kirill Serebrennikov a révolutionné la scène théâtrale moscovite. En France on a pu voir en juillet 2015 au Festival d’Avignon son adaptation des Idiots d’après le film de Lars von Trier. Les comédiens de sa compagnie ont également travaillé sous la direction du metteur en scène David Bobee, directeur du CDN de Normandie qui a souhaité apporté son soutien à son collègue. « Je veux ici témoigner de la probité de Kirill Serebrennikov que je connais comme mon frère, je veux être le témoin de son engagement et de son courage à affirmer un art politique dans un contexte difficile, souvent violent, celui de la Russie contemporaine. Accusé de tous les maux depuis de nombreuses années, ce trublion génial de la scène théâtrale et du cinéma russe est aujourd’hui mis à mal par les autorités de son pays qui ont décidé d’inventer un prétexte délirant pour l’empêcher de faire l’art contestataire qui est le sien » écrit-t-il sur sa page Facebook.
Stéphane CAPRON avec agences
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